Les trois cribles de Socrate : que dire ?

Source : Image par StockSnap de Pixabay

Parfois, nous ne savons pas s’il est juste ou non de dire quelque chose, de prendre la parole. Un texte du 5ème siècle avant notre ère nous offre trois critères assez rapides et efficaces : les trois cribles de Socrate !

L’Apologie de Socrate, écrit par Platon, nous offre un petit bijoux de discernement sur ce qu’il est bon ou non de dire dans notre rapport “ordinaire”. Il pourrait rejoindre des textes de la tradition monastique sur le silence et la parole par son exigence. Et il fait sûrement échos au proverbe populaire qui dit de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, mais en plus spécifique cependant ! Je laisse la parole à Platon : 

Un homme aborde Socrate. -Il faut absolument que je te raconte, dit-il, visiblement excité, aurais-tu jamais cru cela ? Tu sais, ton ami… – Arrête ! l’interrompt Socrate, as-tu passé ce que tu désires si ardemment me communiquer par les trois cribles ? – Que veux-tu dire ? – Le premier crible est celui de la vérité : ce que tu as à me dire, est-ce absolument vrai ? – Je le pense, reprit l’autre, mais enfin, je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, c’est un camarade qui m’a confié sous le sceau du secret que… – Le deuxième crible, interrompt à nouveau Socrate, est celui de la bonté; ce que tu vas me dire, est-ce une chose bonne ? Parles-tu en bien de ton prochain ? – Pas précisément, plutôt le contraire. – Le troisième crible est celui de la nécessité ; est-il absolument indispensable que je sache ce qui semble te mettre en tel émoi ? – Indispensable ? Non, pas tout à fait, mais enfin, je pensais… – Eh bien, mon ami, si ce que tu as à me dire n’est ni indispensable, ni charitable, ni incontestablement vrai, pourquoi le colporter ? Efface-le de ta mémoire et parlons de choses plus sages.”

Nous voyons là le primat de la sagesse sur la parole “inutile”… Cela a été repris par la tradition monastique. Au monastère, nous n’étions sensées parler pendant le travail que si c’était nécessaire pour accomplir notre travail. Sinon, nous travaillions en silence. C’est l’équilibre entre parole et silence qui semble ici en jeu. Et le choix de la parole juste, qui pour le philosophe, doit être une parole “sage”… 

Est-ce vrai ? Est-ce bon ? Est-ce utile ? Si nous regardons nos paroles “ordinaires”,nous arrivons souvent à deux critères mais pas forcément aux trois. Est-ce à dire que ces trois critères s’appliquent partout ? Non, il ne me semble pas.  Ces critères concernent les rapports humains “habituels”. Ils sont là pour éviter des paroles inutiles, “vaines”, superficielles et la médisance. Dans certains contextes, il peut être nécessaire de dire qu’une personne fait du mal pour dénoncer ses agissements à une autorité légitime, par exemple. Donc on va partager une parole sur une chose mauvaise mais pour que le bon grandisse finalement. La question de la nécessité peut aussi être questionnée, nos relations grandissent aussi de “gratuité”. Il ne s’agit donc pas d’en faire des absolus mais des “critères” qui nous permettent de “regarder ce que nous disons, prendre de la distance vis-à-vis de nos propos.

Au-delà des trois précieux critères : “Est-ce vrai ? Est-ce bon ? Est-ce utile ?” On apprend aussi qu’il ne faut pas avoir peur d’interrompre notre interlocuteur. Parfois, nous sommes tellement “polies/is” et bien élevées/és” que nous n’osons pas couper court à de la calomnie ( une accusation fausse contre quelqu’un) ou même à de la médisance (littéralement “dire du mal” de quelqu’un, que cela soit vrai ou faux). Ce n’est pas une obligation d’écouter cette “pollution” qui nous fait autant de mal qu’à la personne qui nous parle. Cela rejoint la posture d’assertivité : le fait de pouvoir s’affirmer en restant en relation avec l’autre. Quand j’étais à l’IFHIM, la formatrice qui nous transmettait “comment faire face à l’hostilité”, disait qu’une des questions les plus puissantes était de juste demander à la personne : “Qu’est-ce que tu veux ?” 

Reconnaissons que si ces trois précieux critères ne sont pas utilisables dans tous les contextes, ils peuvent être une boussole pour être un instrument de paix dans le quotidien de nos relations par les paroles que nous choisissons de dire ou de taire ! Merci Socrate !

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