Doit-on tout pardonner ? Eclairage chrétien sur le pardon

J’aborde ici une question importante et délicate : celle du pardon ! Qu’est-ce que le pardon ? Doit-on tout pardonner en tant que chrétien ? Voici les “petites” questions que nous allons aborder ici ! 

Je ne prétends pas répondre de manière exhaustive à cette question mais plutôt donner des éléments de réflexions qui permettront à chacun/e de se situer. Je partirais de mon propre chemin et c’est donc plus sous forme de témoignage que j’aborderais les choses. 

Que signifie “pardon” ? Vous savez mon amour des mots, que signifie ce mot de “pardon”. Il vient du latin : “per” + “donare”, qui peut-être traduit par “donner” + “jusqu’au bout”. Dans le pardon, il y a donc “don”. Le pardon est un cadeau, un don offert à la personne qui a blessé. Il est donc gratuit, ce qui peut être difficile à vivre tant par la personne qui pardonne que pour la personne qui reçoit ce pardon. Si vous avez le goût de méditer le cycle de Joseph dans la Bible (Livre de la Genèse, chapitres 37 à 50), vous pourrez observer ce doute des frères de Joseph sur son réel pardon, au moment de la mort de leur père (Gn 50, 15-21). Et il y a ce petit préfixe : “per”, que l’on trouve aussi dans “perfection” -> littéralement – fait jusqu’au bout, entièrement, complètement. Dans le mot “pardon”, il signifie que par cet acte de pardon, le don est aussi fait complètement, sans arrière pensée, sans limite. C’est un don total et gratuit. 

Viens alors la seconde question :  en tant que chrétien, en tant que personne, doit-on tout pardonner ? Un apport très important pour moi sur ce point a été celui de Véronique Margron. Je l’ai eu comme professeur de théologie morale – éthique pour les non chrétiens ! Et elle nous a offert une belle méditation / réflexion spirituelle sur les implications éthiques des jours saints pour le chrétien. Elle a abordé la théologie du pardon dans le cadre du Vendredi Saint. En résumé, Jésus parle du pardon dans deux contextes différents où il ne se positionne pas de la même manière. 

  1. la vie fraternelle 
Evangile selon saint Matthieu – 18, 21-22 (TOB)
21 Alors Pierre s’approcha et lui dit : “Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerais-je ? Jusqu’à sept fois ?”  22 Jésus lui dit : “Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 

Je t’invite à lire et méditer tout le chapitre 18 de Matthieu et pas seulement ces deux versets car il donne le contexte de cette demande de Pierre. Le groupe des Douze n’est pas homogène et les relations ne sont pas faciles. Au début de ce chapitre, les disciples demandent à Jésus : “Qui est le plus grand?” On peut sentir les rivalités au sein du petit groupe qui entoure Jésus et vit avec lui au quotidien. Jésus répond en parlant des petits et de la place centrale que le petit doit avoir et des responsabilités de ceux qui sont en charge vis-à-vis de ces “petits”. Ensuite, il aborde la question de la correction fraternelle et de la force de la prière pour construire ces relations. La question de Pierre arrive à ce moment-là. Le contexte est clairement celui d’une vie commune et communautaire. Le pardon est à accorder dans un cadre d’accueil de la différence, de blessures “quotidiennes” que l’on peut s’infliger mutuellement par le fait de vivre ensemble, de partager un quotidien qu’il soit de vie  commune ou de travail. Dans ce cadre-là, Jésus dit de pardonner : “70 fois 7 fois”, c’est à dire non pas 490 fois mais à l’infini. Le nombre est ici symbolique: 7 fois et la perfection,la totalité,donc pardonner 70 fois 7 fois, cela veut dire qu’il n’y a pas de limite à donner à ce pardon quotidien, ce lâcher prise, cette ouverture à la différence !

  1. l’injustice et la mort 
Evangile selon saint Luc –  23, 34 (TOB)
“Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font”

Le second contexte est quand Jésus est sur la croix, en train de mourir, après avoir été jugé injustement, torturé et planté sur une croix, une mort infâmante et une torture aussi en tant que telle. Là, il ne dit pas: “tout est ok”, “je vous pardonne”, en faisant un geste de bénédiction.Non, il remet le pardon à Dieu, à son Père. Il n’est pas en état de donner lui-même le pardon, c’est un don qu’il reçoit de son Père. C’est une “grâce à demander” dirait saint Ignace. Si le Christ lui-même la demande, c’est aussi celle à laquelle nous sommes appelés en tant que chrétiens. Quand nous vivons des situations injustes, inhumaines, cruelles, des abus de toutes sortes, en tant que chrétien, nous sommes appelés à  demander cette grâce du pardon. Ce n’est pas nous qui pouvons le faire,ni ne devons le faire “avec nos propres forces”. Encore une fois, si même le Fils de Dieu a dû demander cette grâce quand il était torturé dans sa chair de fils d’Adam,combien plus nous-mêmes !

J’aimerais témoigner de cette grâce du pardon. Je l’ai personnellement vécu vis à vis de celle qui était alors la maîtresse de mon père et que je haïssais car “forcément” responsable de la guerre qui séparait mes parents. En tant qu’enfant, c’est plus facile de blâmer le tiers. Je souffrais de cette colère et ressentiment à son égard, car cela ne va pas avec l’amour évangélique que je voulais vivre. J’ai prié sur cette situation. Et à Noël, lors d’une messe de Minuit, j’ai reçu le pardon pour cette femme. C’était une pure grâce qui ne s’est pas démentie. Souvent, quand nous recevons une grâce, c’est aussi que Dieu a un plan. Moi, il se trouve que j’avais une petite sœur qui allait arriver. Je pense que c’était une manière pour Dieu de me préparer à l’accueillir. Bien sûr, c’est ma lecture. C’est aussi cela de donner sens à son propre chemin, d’accueillir ou non des signes, de les relire en les reliant ou pas ! Bienheureuse liberté de nos chemins !

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