Résilience

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Ce terme de “résilience” est devenu courant grâce au précieux travail de Boris Cyrulnik. Elle dit la capacité d’une personne à se remettre d’un trauma. Y a-t-il des facteurs qui empêchent ou favorisent la résilience ? Sommes-nous tous résilients ? 

La notion de résilience nous vient de la physique : il s’agit de la capacité d’un métal à résister à un choc ! On parle donc de résilience quand la personne a subi un choc, un trauma. Cela signifie que dans le parcours de cette personne, il y a un avant et un après. C’est cela qui fait le trauma : cette rupture – ressentie par la personne, et donc éminemment subjectif, personnel – qui est fondamentale, importante. C’est la personne qui dit qu’il y a trauma par l’impact de ce qu’elle a vécu comme un choc et pas nécessairement le type d’actes ou d’événements subis. En vingt ans d’accompagnement, j’ai pu constater qu’un traumatisme récurrent chez beaucoup  est le fait d’avoir “subi” un déménagement en tant qu’enfant – souvent entre 7 et 10 ans. Cela a eu pour conséquence pour elle/lui de perdre tous ses amis d’un coup, son environnement connu brutalement. 

Je vais aborder maintenant en miroir ce qui favorise et ce qui peut empêcher la résilience. Qu’est-ce qui favorise la résilience ? Pouvoir être dans un climat de confiance pour en parler ou l’exprimer. A l’inverse, être toujours dans un contexte où je suis en danger – ce qui peut être compliqué dans le cas d’une guerre, ou dans le cas d’un abus domestique où je “reste” dans la situation qui me fait revivre le trauma potentiellement quotidiennement. La notion de sécurité est importante Pouvoir permettre à la personne d’être dans un lieu physique et / ou une relation sécuritaire pour elle va favoriser l’expression de la parole et la sortie du traumatisme. Par contre, favoriser la parole quand la personne n’est pas dans ce contexte peut la mettre en danger tant physiquement que psychiquement selon les contextes. 

Un point important de résilience est le fait de savoir accueillir de l’aide, décider de s’entourer par des personnes qui peuvent nous soutenir, nous aider, nous aimer. Or, le fait de se retirer, de rester dans une attitude de repli est un réflexe assez courant dans le cas de traumatisme. La personne est sidérée par ce qu’elle a vécu, c’est “indicible”, car je n’ai pas les mots, j’ai peur de ne pas être cru/e, compris/e… Donc je ne dis rien, je fais “comme si” tout va bien ! Or, quand je commence à parler, je trouve des personnes qui sont heureuses de me soutenir pour un bout de chemin ou pour plus longtemps. Devoir rester seul avec ce “mal subi” nous laisse très solitaire et dans le malheur et l’absence de perspective. Le fait de se confier et de s’appuyer sur d’autres est un signe de force intérieure, avoir cette liberté d’accueillir ses blessures, sa fragilité, la complexité de sa personne et de le partager fait parfois aussi le tri entre les “vrais” amis et les autres. Aller chercher l’aide de professionnels/les est aussi important.

Un autre point est de pouvoir lui donner du sens. Oui, le principe d’un trauma est qu’il n’a – précisément – aucun sens ! Et ce non-sens est ce qui peut rendre “fou” ! Cela peut me faire sortir de ma vie en me retirant de mon corps, de ma sensibilité : je continue à “fonctionner” mais je vis un peu comme un “zombie” sans affectivité. Cela peut me faire chercher des compensations dans des addictions, où je cherche à avoir d’autres sensations pour ne plus “sentir” ce trauma lancinant et déshumanisant qui m’a coupé en deux. Alors, donner du sens ne se fait pas “de l’extérieur”. Comme cette soeur qui a été virée de son carmel après 40 ans. Je ne peux pas lui dire :  “c’est cool, ça te fait une deuxième vie !” Non, c’est un gros choc. Elle ne l’a pas vu venir ni choisi cette rupture dans sa vie ! La première étape est sans doute d’accepter que cela soit. Et souvent, le sens vient plus tard, avec le temps. En écrivant, dessinant, peignant, dansant ce qui a été vécu, comme à tâtons… Je peux finir par trouver le sens que cela prend pour moi aujourd’hui, qui sera peut-être autre demain… sans doute est-ce plus une recherche qu’une certitude !

Un autre point qui favorise la résilience est pouvoir exprimer ce qui a été vécu. Boris Cyrulnik parle de la honte comme le troisième empêchement à la résilience (cf. Mourir de dire : la honte). La honte peut être liée au fait de se croire responsable de ce qui s’est vécu. La culpabilité est sous-jacente à beaucoup de trauma. Ou bien, je ne peux pas dire car j’ai honte d’avoir été faible, de ne pas avoir su m’en sortir. L’expression de ce qui a été vécu peut passer par beaucoup de médiums différents. Le plus souvent , on pense à la parole ou à l’écriture, ce sont de bons chemins mais pas les seuls possibles. Le chemin de résilience et d’expression de chacun est unique. L’humour, le dessin, la musique, la danse, les arts en général sont souvent des moyens d’expression et même de “sublimations” de ce qui a été vécu. 

Je ne prétends pas avoir « tout dit » ici. le Dr Dennis Charney nomme lui-même dix facteurs de résilience, que je laisse à votre méditation. j’ai parlé ailleurs de l’importance du corps dans ce chemin. Il me semble fondamental aussi.

Les 10 facteurs de résilience, selon le Dr Dennis Charney :
1. L’optimisme 6. Le soutien social
2. Le sens de la moralité 7. La capacité de faire face à sa peur
3. La spiritualité 8. Le fait d’avoir une mission
4. L’humour 9. Le fait de garder la forme physique
5. Le fait d’avoir un modèle 10. Le fait de garder son cerveau occupé

Sommes-nous tous résilients ? Je ne sais pas. Notre propre histoire, contexte, caractère ont aussi une influence sur cette réalité. Mais avoir ces clés pour comprendre ce qui favorise la résilience peut nous aider à nous en saisir pour avancer. Pour finir, j’ai trouvé cette citation (anonyme) que je vous partage : “La résilience est la capacité à faire face aux adversités de la vie, transformer la douleur en force motrice pour se surpasser et en sortir fortifié. Une personne résilience comprend qu’elle est l’architecte de son bonheur et de son destin”. C’est un peu ce que je disais à la soeur qui a été viré après 40 ans de vie religieuse : tu n’as pas choisi de partir, mais tu peux choisir ce que tu fais de cet événement qui t’arrive dans la vie. Choisir d’accueillir que cela ait eu lieu est peut-être le premier pas pour savoir ce que tu vas décider d’en faire !

#coachplusdevie #résilience #boriscyrulnik #trauma 

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