
As-tu déjà entendu parler ou vécu une médiation ? Lors d’un conflit avec quelqu’un – membre de ta famille, relation de travail ou voisin, par exemple, il est possible de vivre cette rencontre avec un tiers neutre. Cela peut ouvrir un chemin d’apaisement. Quelle est cette démarche ? Je te partage ici ce que j’ai reçu lors d’une présentation par deux médiatrices professionnelles.
D’abord, oui, on ne s’improvise pas médiateur/trice : cela demande d’apprendre, en recevant une formation professionnelle et en pratiquant ! Ainsi récemment, la conférence des évêques de France a eu la bonne idée de faire appel à des professionnels au lieu de “bricoler” avec des bénévoles ou des personnes “de bonnes volontés” qui n’ont pas les compétences requises en la matière. Le risque pouvait être de soutenir “l’autorité” contre des plaignants, ce qui n’est pas le but d’un service de médiation. C’est vrai en médiation comme dans beaucoup de métiers. Pour que la médiation fonctionne, il faut faire appel à une personne professionnelle, formée ! Cela peut paraître évident, mais il est bon de le dire !
Ensuite, la médiation a lieu sur la base du volontariat : pas de médiation possible si l’une des deux parties refuse de participer. J’ai posé la question d’un cas personnel, où j’avais proposé cette démarche à un proche qui l’a violemment refusé. La médiatrice m’a dit : “vous pouvez faire appel, vous, à un médiateur. Il peut proposer la démarche à l’autre personne. Le médiateur lui expliquera la démarche et la personne sera libre ou non de rentrer dans la démarche. Il est parfois plus facile d’accepter la démarche si cela passe par un médiateur…”
Quelle est la posture du médiateur / de la médiatrice ?
Voici ce que disait l’une des médiatrices de cette posture : “Le médiateur est actif mais pas directif. Il accompagne le processus de médiation. Il pose un cadre pour faciliter l’établissement d’une communication. Il ne fait pas d’enquête. Il ne cherche pas à connaître l’histoire des deux parties. La posture du médiateur est neutre -cette absolu neutralité est fondamentale. Sa posture d’impartialité favorise la rencontre des deux personnes en conflit. Sa posture est “basse”, écoutant les parties et facilitant la parole entre elles. Ce sont ces dernières qui cheminent vers une sortie du conflit. Autrement dit, il n’est pas en posture “haute”, donnant directives ou conseils, comme le sont comme dans d’autres acteurs de résolution de conflit. “Il n’est ni juge ou arbitre (pouvoir), ni expert (savoir), ni consultant ou conciliateur (conseil). Les personnes qui connaissent le mieux la situation sont les personnes qui sont en conflit et viennent en médiation (appelés “médiants”). Elles sont les plus à même de trouver leur propre solution au conflit. Mais pour cela, l’aide d’un tiers, le médiateur, leur permet d’avancer vers un nouveau regard sur la situation.”
Les étapes de la médiation –
La médiation a lieu en trois temps.
1 / La première étape consiste en une rencontre par le médiateur / la médiatrice avec chacune des parties seul à seul. Le but est d’entendre les points de vue, de présenter l’esprit de la médiation, et de recueillir de chacun/e son accord pour entrer en démarche de médiation.
2 / La deuxième étape est la convention de médiation signée par les parties.. Ce document pose le cadre et permet à chacun de mieux saisir l’esprit dans lequel il s’engage dans le processus : la confidentialité – tant du côté du médiateur que des médiants, la neutralité du médiateur, sa posture d’impartialité et le fait qu’il n’a pas d’objectif de résultat (il ne cherche pas une « solution » au conflit à tout prix).
3/ la rencontre de médiation – chaque médiant successivement expose ce qu’il vit et dit ce qu’il veut dire à l’autre, l’autre partie écoutant sans l’interrompre. Tout cela en présence du/des médiateur(s).Un des médiateurs fait une synthèse de ce qu’il a entendu. Vient ensuite un temps d’échange, où chacun peut intervenir librement, toujours en présence du médiateur. Celui-ci peut faire des échos de ce qu’il perçoit. Cette rencontre peut prendre du temps mais c’est nécessaire pour avancer. Les personnes sont prévenues qu’il n’y a pas de limite de durée et qu’elles doivent éviter d’avoir des contraintes après. Cela peut durer deux comme cinq heures. Il peut y avoir des cris, des noms d’oiseaux mais cela fait partie du processus. En effet, dans notre société, il est rare que les gens puissent dire ce qu’ils ont sur le cœur et exprimer leurs émotions. Il faut que le « cri » s’exprime. C’est un temps où chacun peut dire à l’autre ce qu’il vit jusqu’au bout, tant que l’intégrité physique de la personne est respectée, bien sûr.
Le processus n’aboutit pas toujours à une réconciliation. Mais il y a de bonnes chances que les médiants, même s’il n’y a pas de réconciliation apparente, soient davantage en paix d’avoir pu exprimer leur souffrance. Parfois, la relation s’apaise à l’occasion de la rencontre de médiation. Cela peut aussi advenir plus tard. Pendant le processus de médiation, s’il y avait une démarche judiciaire, celle-ci est suspendue en accord avec le juge et peut reprendre à l’issue de la médiation. Cette démarche n’est pas magique, mais elle permet l’expression et l’écoute jusqu’au bout de chaque point de vue, en présence d’un tiers. Parfois, nous pouvons être englués dans des conflits insolubles dont nous ne voyons pas l’issue. La médiation est un chemin d’expression et d’apaisement possible. Il n’est pas le seul, il peut être utilisé en complément d’autres démarches. Encore une fois, cela ne veut pas dire que la situation aura forcément changé à l’issue de la médiation. Mais les choses auront pu se dire et s’entendre de part et d’autre jusqu’au bout, avec parfois une prise de conscience de ce que vit l’autre. Le changement le plus important est souvent intérieur… Avoir l’humilité de faire une telle démarche peut être source de paix. Pourquoi ne pas l’utiliser ?
Merci à Kristel Kohler et Caroline de Beaudrap de nous avoir partagé avec coeur leur beau métier pour leur relecture attentive et bienveillante de cet article !
Pour aller plus loin… |
Jacqueline Morineau est celle qui a introduit la médiation humaniste en France, à la demande de Robert Badinter, qui cherchait de nouveaux moyens de résolutions de conflits dans la société civile. Elle trouve ce chemin notamment dans la tragédie grecque. Elle l’explique dans ce court extrait d’interview de Jacqueline Morineau, pionnière de la médiation humaniste en France, s’enracinant dans la tragédie grecque : https://www.youtube.com/watch?v=lZBrJOlVYGw Pour en savoir plus sur l’origine de la médiation humaniste en France : https://cmfm.fr/la-mediation-humaniste-au-cmfm/ A lire : Jacqueline Morineau, L’esprit de la médiation, Erès, 2010.Jacqueline Morineau, La médiation humaniste. Un autre regard sur l’avenir, Erès, 2016. |
Coordonnées de médiatrices – |
Christel Koehler – koehler.christel@yahoo.fr – un récit de médiation par Christel : https://www.semainemediation.fr/actus/actu-2/item/55-une-mediation-humaniste-entre-deux-travailleurs Caroline de BEAUDRAP- SITTELLE Médiation – c.debeaudrap.m@gmail.com – 06.07.23.56.74 |
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