Le repas du Shabbat est une occasion de rencontre, de partage, de temps gratuit vécu ensemble qui nourrit la relation avec ses proches et avec l’étranger. Source photo : Photo de cottonbro studio: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/main-tradition-nature-morte-juif-4038238/
J’ai été accueillie vingt-quatre par une famille juive “pratiquante” à Jérusalem de vendredi après-midi à samedi après-midi. C’était le temps du shabbat, le premier que j’ai vécu avec eux. Cela m’a touché et je vous partage ici les réflexions que cela a suscitées en moi.
Un temps de prière communautaire –
Qu’ai-je fait ? J’ai prié à la synagogue le vendredi soir pour l’accueil du sabbat et à samedi matin. Heureusement, j’avais fait de l’hébreu biblique ce qui m’a aidé à suivre un minimum ! Grâce aussi à l’aide de voisin/e qui m’ont aidé à être à la bonne page, quand on en sautait une dizaine dans le livre de prière !! J’ai été touché de vivre ce temps de prière communautaire. Cette prière commune qui est aussi – pour nous chrétiens – la source de notre prière liturgique. Les liens au sein de la communauté ressemblait plus – mes références sont clairement française et chrétienne… – aux liens que j’ai pu constater au sein de communautés évangéliques ou orthodoxes en France où les personnes se connaissent, se saluent. Versus la messe catholique, où les gens peuvent “juste” venir “assister” à la messe sans avoir toujours de liens entre eux ou avoir d’attention au nouvel arrivant. La liberté d’arriver ou de partir pendant l’office m’a fait pensé aussi à la manière plus orthodoxe de vivre la liturgie. La prière en elle-même – dans cette synagogue où je suis allée, il y a beaucoup de traditions et sensibilités différentes au sein du judaïsme – me faisait plutôt penser à une manière de prière évangélique, comme la prédication du reste.
Qu’en retirez pour toi ? As-tu un temps où tu te ressources dans ta semaine, où tu vas partager avec d’autres ce qui est au coeur de ta vie ? Personnellement, j’ai pris conscience de l’importance de la messe du dimanche pour moi, quand nous n’avons plus pu la célébrer lors du premier confinement en France. J’ai ressenti à quel point ce temps m’était nécessaire pour me poser, me ressourcer tant dans ma relation à Dieu que dans la communauté, par le fait de prier ensemble. Et toi, quel rendez-vous ne manques-tu sous aucun prétexte car il te fait du bien ?
Enraciné dans la Bible
Exode 16,23 : “Demain, c’est le sabbat, jour de repos consacré au Seigneur.” Ce verset de l’Exode résume bien le cœur du sabbat : un jour de repos et un temps pour le Seigneur. Dans notre société très utilitariste, savoir prendre ce temps “off”, gratuit nous offre un temps pour nous connecter à nous mêmes et à nos proches. Si je suis sans cesse dans le “faire”, je ne le peux pas. On parle beaucoup de sabbat dans l’Evangile, Jésus étant accusé de ‘travailler” le jour du sabbat par les Pharisiens quand il fait des guérisons ce jour-là. Le sabbat est important dans la Bible. Il fait l’objet du quatrième commandement des Dix Paroles – que nous appelons dix commandements – (cf. encadré). Le shabbat est un temps pour commémorer le 7ème jour, le jour où après avoir fini de “créer” l’univers et ses habitants, Dieu s’est “reposé”, la tradition juive parle même de Dieu qui se retire pour laisser l’homme libre.
| Exode 20, “Que du jour du sabbat on fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le sabbat du Seigneur, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi,ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l’émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours, le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et toute ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré” (traduction Traduction Oecuménique de la Bible) |
Un temps de repos qui permet la relation –
Ce temps de repos se traduit concrètement par beaucoup de règles pratiques observée dans le judaïsme. Le samedi matin le jour où je suis allée à la synagogue, il pleuvait des cordes, mon hôte m’a proposé de prendre un parapluie, et il m’a dit après, qu’il n’avait pas le droit d’en prendre un lui car c’était assimilé à “construire” et donc que c’était un “travail” qui n’était pas permis. La veille au soir, on allume des petites lampes un peu partout : pièce à vivre, toilettes, salles de bain qui resteront allumé pendant vingt quatre heures, du début du sabbat vendredi soir, jusqu’à sa fin samedi soir, le temps de référence étant la première étoile qui luit qui annonce le début et la fin du sabbat.Pendant tout ce temps, on utilise pas non plus tous les appareils électroniques. C’est un temps de jeûne technologique. Ces coutumes peuvent sembler surannées de l’extérieur et peuvent prêter à sourire quand on en comprend pas le sens. Le sens est vraiment de donner la première place à Dieu et au repos.
Et quel est le sens / le but de ce repos ? pour moi, c’est la relation. C’est ce que j’ai pu expérimenter. J’étais accueilli par une famille juive, mais en fait, le vendredi soir, j’ai dîné avec mon hôte dans une autre famille juive qui invitait aussi une autre personne. Le lendemain, j’ai déjeuné dans une autre famille – toujours avec mon hôte… Ce temps “off” permet de rencontrer, partager, vivre un temps où les échanges sont possibles, notamment grâce à l’absence de téléphone ou d’ordinateur ou de tout appareil électronique pendant ces 24h. Pour moi – dont le téléphone est assez le prolongement de la main, c’était une bonne expérience de “décrochage” !! Et j’ai pu “goûter” ce que cela fait de pouvoir être – du coup – pleinement là. L’accueil chaleureux dans ces trois familles alors que j’étais une totale étrangère était aussi significatif de cette ouverture que le shabbat permet. Il y a aussi la dimension de partager un bon repas, auquel chacun apporte un mets.
Le sabbat peut être “pour nous” le dimanche. Sans devenir “sabbatérien” – faire du dimanche comme un sabbat en tant que chrétien, nous pouvons faire de nos dimanches un temps de prière, de ressourcement et un temps de rencontre. J’aime inviter des personnes le dimanche pour déjeuner, occasion d’échanger, d’avoir le temps pour rencontrer l’autre, gratuirement. Et toi, que fais-tu de tes dimanches ? Est-ce un jour “pire” que les autres, tellement tu as de choses à faire ? Est-ce un temps privilégié que tu passes avec ta famille ou tes amis ?
Je t’encourage à “sabbatiser” davantage dans ta vie ! A ajouter ces temps “off” qui te permettent de te ressourcer, de revenir à ton cœur, de rencontrer tes proches ou des étrangers autrement !
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