
source : Image par JimboChan de Pixabay
Oui, j’ai bien conscience que ce titre est provocateur… S’il y a bien quelque chose que je ne suis pas, c’est raciste ! J’ai grandi dans une banlieue très multiculturelle à Aubervilliers, porte de la Villette, à côté de Paris et j’adore cette diversité. Maman m’a raconté que quand j’étais petite, je disais bonjour aux femmes musulmanes voilées en leur disant “Bonjour ma soeur”, car elles avaient un voile comme les soeurs de la paroisse… Et que pour moi, c’était aussi “mes” soeurs !! Quand je suis arrivée à Montréal des années plus tard, je ne comprenais pas pourquoi je me sentais si à l’aise, comme “chez moi”. Et j’ai réalisé que c’était liée au fait de retrouver cette multiculturalité, le fait que quand tu marches, tu entendes des personnes parler toutes sortes de langues, qu’elles viennent d’ailleurs et que le partage de leur spécificité est naturel et bienvenue là-bas, ce qui n’est pas le cas partout ailleurs ! J’aime cela, je suis enrichie par ces rencontres, cette ouverture. Donc je ne pensais pas être un jour “tentée” par le racisme…
Et pourtant, alors que ce sentiment ne m’avait jamais habité et que je me croyais à l’abri de celui-ci, il est venu frapper à ma porte. Être raciste, cela ne concerne pas forcément la couleur de la peau. Il se trouve que j’ai eu à collaborer avec des Flamands récemment. Jusqu’ici, je trouvais tous les Belges que j’ai rencontrés super sympa… C’était des Wallons… Et là, j’ai à travailler de manière étroite avec trois personnes Belges mais qui ne sont pas francophones, mais flamandes… Et là, les choses sont difficiles… Dureté, raideur rigidité, contrôle, méfiance, voire mépris et jugement… C’est dur. En échangeant avec des Belges, je comprends que le fait que je sois non seulement francophone mais française en rajoute une couche : je suis forcément tire au flan et pas sérieuse…J’avais en fait déjà eu “affaire” à un flamand lors de mes études de théologie : un moine bibliste brillant intellectuellement mais très imbu de lui-même et extrêmement durs aux examens… Je vous avais parlé des “murs”… Là, j’ai vu un mur se construire en moi contre “les Flamands” : ils sont rigides, étroits d’esprit, n’écoutent pas, n’ont pas de sensibilité, ils ont oublié d’être humains… J’en passe et des meilleurs…
Pourquoi je te partage cela ? Pour te montrer que le chemin d’ouverture n’est jamais fini. Je n’aurais pas pris conscience que moi aussi, je pouvais devenir raciste, si je n’avais pas eu à collaborer avec ces trois personnes. Cela m’ouvre à écouter ce que d’autres ont pu vivre pour “devenir” raciste. Un jeune de la paroisse me disait que ses cousines qui habitent dans le sud de la France le sont devenus à force de se faire siffler par les hommes d’origine maghrébine. Elles ne se sentent pas respectées voire en danger par leurs attitudes à leur égard. A Montréal, une québécoise ‘pure laine”, jadis très engagée dans des associations d’aide pour l’Afrique, est devenue raciste envers les Ivoiriennes, car sa femme de ménage ivoirienne a volé son identité. Lors d’une session pour bâtir la paix, elle a pû rencontrer une soeur ivoirienne et commencer à détruire ce mur. Ce n’est pas pour justifier le racisme mais comprendre un des ressorts de ce qui peut susciter sa naissance : notre expérience personnelle !
Alors, bien sûr, je n’en suis pas resté là ! Cela ne veut pas dire que les relations sont devenues “automatiquement” plus faciles avec mes trois compères ! Mais j’ai décidé de regarder les forces des personnes de ce peuple et de rencontrer “d’autres” Flamands pour voir leur forces. J’ai vu cette femme engagée dans une association de deuil périnatal et qui collabore avec des associations wallones, en traduisant le matériel qui existe en français en flamands, en se rendant aux rencontres francophones pour être un pont entre ces deux peuples qui vivent en “silo” dans le même pays… J’ai rencontré Jef, un instituteur nouvellement à la retraite qui est plein de sensibilité, d’attention et de légèreté. J’ai réalisé qu’un de mes meilleurs amis, ancien moine comme moi, est à moitié flamand (par son père). Ce n’est pas quelques personnes rencontrées qui “résument” un peuple, dans un sens ou dans un autre du reste. Nous sommes tous des personnes uniques avec nos richesses et nos limites. Quant aux qualités des Flamands, elles sont sans doute à l’inverse de leur défaut : sérieux, travailleur, structuré, précis… Cela ne veut pas dire que tous le sont. C’est comme la différence entre les Allemands et les Français, ce sont des tendances liées à la culture et à l’éducation, pas une “règle absolue” valable toujours et partout !
Le but n’est pas d’enfermer les personnes sous des étiquettes mais de reconnaître des tendances et de voir aussi ce qui me heurte à quoi je suis sensible. C’est aussi une expérience d’ouverture à la différence culturelle. Il est probable que je heurte les flamands par ma manière d’être, plutôt chaleureuse, par ma manière de travailler un peu “foutoiresque”. Et moi, je peux être heurté par une raideur qui me rappelle des attitudes dures vécues dans l’enfance, notamment par ma grand-mère, une femme dont j’ai beaucoup reçu mais qui était extrêmement exigente…Ma grand-mère avait été élevé en Allemagne entre ses 5 ans 16 ans… Par ailleurs, j’ai aussi réalisé que j’adore la peinture flamande, qui a aussi été possible par ce caractère précis, industrieux, qui présente les personnes et la nature avec précision et réalisme.
Et toi, as-tu déjà vu un mur de racisme se dresser devant toi ? Qu’est-ce que tu as pu vivre pour cela arrive ? Qu’as-tu fait pour en sortir ?
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