
Le « Sceau de Salomon », plante symbole de sagesse et jugement (Source : Image par Andreas de Pixabay)
Qu’est-ce que la vérité ? Est-elle toujours “bonne à dire”? Quel impact sur les relations ? Voici quelques “petits” sujets que nous allons effleurer ici !
La vérité est une de mes valeurs essentielles. On m’admire ou on est inconfortable avec moi parce que je suis “cash”. Elle n’est pas pour autant “simple” et souvent très “subjective”. Le mot “vérité” vient du latin “verus” qui signifie “vrai”. Et il est tout aussi “vrai” que j’ai découvert assez jeune que chacun a sa vérité et qu’il est difficile de l’objectiver. Même si comme m’avait dit un ami : “la plurisubjectivité tend à l’objectivité”. C’est à dire que plus de personne – “sujet” – affirme une chose parce qu’il la croit vrai, plus on atteint, on tend à une objectivité. Et en même temps, quand on regarde ce qu’on a “cru” dans le passé et ce que certains “croient” encore, ou l’aveuglement des masses dans des régimes totalitaires, même cet adage peut être remis en cause. On le voit dans les histoires de familles, les conflits en entreprise et même entre pays. La guerre vient souvent du fait que chacun tient à sa vérité sans écouter l’autre. Mais du coup, est-ce “la” vérité ou juste le fait de vouloir avoir raison, la frontière est parfois mince entre les deux !
Ma grand-mère m’avait amené voir la pièce de théâtre de Luigi Pirandello, “A chacun sa vérité”. Et c’est à peu près cela que l’auteur raconte : quelque chose se vit dans un cercle familial – dans un appartement – et tout l’immeuble y va de son commentaire, croyant “savoir” la vérité. Alors que, précisément, nous ne pouvons juger que sur l’apparence des choses et non sur le for interne et ce qu’il se passe “vraiment”. On le voit dans des drames familiaux comme celui de la famille Dupont de Ligonnès. Une image a été projetée par le père de famille, Xavier, pendant des années. Elle n’était pas accordée à ce qu’il voulait vraiment et quand l’apparence s’est déchirée, cela a donné lieu à un massacre. Nous avons donc une humilité à avoir sur ce point. D’une part, nous avons à prendre conscience que nous ne voyons que l’apparence, nous n’avons pas accès à l’intimité de l’autre, fût-il notre mari, notre meilleure amie ou notre propre enfant. D’autre part, nous avons à apprendre à accueillir ce que l’autre nous dit, la liberté de son chemin, de ce qu’il/elle vit. Sinon nous risquons d’être dans l’a priori et le jugement permanent et donc loin de la vérité.
Ce deuxième point de l’accueil de ce que l’autre me dit d’elle-même, de lui-même peut-être fort dérangeant. Et nous pouvons tâcher de l’éviter – ne serait-ce qu’inconsciemment – pour cela. Ai-je envie d’entendre que la personne qui m’attire ne partage pas mon sentiment ? Est-ce que tels grands parents ont envie d’entendre que leur petite-fille est gay ? Est-ce que telle femme a envie d’entendre que son mari préfère gagner beaucoup d’argent moins mais être heureux dans son travail ? Vous pouvez continuer la liste ! Florence Floresti a du reste fait un sketch très bon sur cette hypothèse qu’on se mettait tous à dire la vérité (https://www.youtube.com/watch?v=ib6nlditz9o). Il montre bien que même socialement et familialement, nous sommes dans un apprentissage du maintien de convenance et d’apparence pour ne pas “dépasser”. Et que si on se mettait à toujours dire ce qu’on pense, cela peut être une bombe !
Est-ce que cela veut dire que l’on doit renoncer à “dire” la vérité, et le plus souvent “sa” vérité ? Je ne crois pas. Mais il ressort de tout cela qu’il y a un cadre au sein duquel je peux la dire et d’autres non. Il y a sans doute un temps aussi, un cadre, une manière. Quand je touche à la vérité, je touche à l’intime de mon être. Nous sommes dans une société où l’on encourage de partager tout à tous. Ce n’est pas toujours sain. Il est important de choisir et discerner ce que je veux partager ou pas. A qui ? Comment ? Où ? Avec qui ? Et il est bon d’avoir conscience que ce partage aura des conséquences. Des conséquences que nous aurons à porter. L’ancienne prieure du monastère où j’ai vécu 17 ans a vécu le rejet de son choix par son père de son choix de la vie monastique. La conséquence pour elle est que son père a refusé de la voir pendant 20 ans…
Quand on est “accroché” à la vérité, on peut pousser une autre personne à ce qu’elle la dise, soit disant “pour elle”. Mais est-ce le bon moment pour cette personne ? Est-elle prête à assumer les conséquences de cette parole libérée ? Ma grand-mère a caché à ses enfants qu’ils étaient adoptés. Ils l’ont appris par une lettre anonyme autour de leur majorité. Cela a été dévastateur pour ses enfants de l’apprendre ainsi et sans pouvoir parler à leurs parents, mon grand-père était alors à l’hôpital avec un gros problème cardiaque. Pour ma grand-mère, dire cette vérité devenue “le secret”, c’était trahir quelque chose de son intimité de couple : leur incapacité à avoir des enfants ensemble. Elle ne pensait pas à mal vis à vis de ses enfants qu’elle aimait vraiment, mais n’était pas prête à vivre la conséquence de perte d’image du couple “normal”…
La vérité est plus un chemin, une quête, qu’une entité claire et définitive. Nous avançons pour nous en approcher, parfois la fuyons de peur de la découvrir trop crue. Nos histoires personnelles nous marquent sur ce chemin. Je me souviens d’un enfant de dix ans – à l’école où j’étais surveillante – qui passait son temps à mentir. Qu’a-t-il vécu familialement pour agir ainsi ? Et toi, quel est ton rapport à la vérité ? Est-ce une de tes valeurs ? Comment la vis-tu ? Quelles les conséquences qu’elles ont sur ta relation aux autres ?
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