Être responsable

De qui suis-je responsable ? Comment suis-je responsable ? (source photo : https://pixabay.com/fr/photos/mains-amour-main-%C3%A9ternit%C3%A9-paix-105455/)

Qu’est-ce qu’être responsable ? Quel type de relation induisons-nous ? Sommes plutôt responsabilisant ou infantilisant ? 

Papa nous a élevés en nous faisant confiance et en nous apprenant à être autonome. Même si parfois, cela pouvait être un peu too much, car il n’évaluait pas toujours avec justesse ce dont nous étions réellement capables. Globalement, c’est vraiment un très beau cadeau qu’il nous a fait ! Cela nous a appris à être responsable et du coup à voir aussi les autres comme « maître de leur destin et capitaine de leur âme ». Quand je voyais d’autres enfants qui devaient demander la permission pour la moindre action, je préférais largement ma situation ! Nous sommes tous débrouillards et n’avons pas peur de tenter des nouvelles expériences. En nous faisant confiance, il nous a donné confiance en nous. L’apprentissage par la démarche de “test and learn”, l’acceptation d’un niveau intermédiaire quand nous apprenions et que nous avions toujours la possibilité de progresser. Il nous a aussi appris l’indépendance qui va aussi avec la responsabilité. 

Parfois, le système scolaire ou l’éducation familiale pousse à demander des comptes sans cesse, à vouloir que les choses soient faites d’une manière particulière. Je me rappelle d’une institutrice qui fonctionnait à l’inverse avec ses élèves, les stimulant à réfléchir par eux-mêmes. Quand un élève lui demandait : “Maîtresse, j’ai fini ma page, qu’est-ce je fais?” Elle leur répondait : “Ah, et bien, tu écris sur ton bureau, bien sûr !” Et certains le faisaient et les autres lui disaient : “bah, non, tu tournes la page !”… Certaines de ses collègues n’aimaient pas tellement cela. Pourtant, apprendre à avoir un minimum de sens critique vis à vis de ce qui nous est demandé est un pas intéressant pour apprendre à réfléchir par soi-même, avoir une éthique personnelle et être responsable. 

Mais que signifie être “responsable” ? Cela vient du latin “responsum” qui signifie “garantir à son tour, répondre”. Être responsable, c’est être garant, pouvoir répondre de ses actes, de ses paroles. Le sociologue Max Weber peut nous aider à réfléchir sur la question avec son “éthique de responsabilité” qu’il oppose à l’éthique de conviction. « Le partisan de l’éthique de responsabilité comptera justement avec les défaillances communes de l’homme (car, comme le disait fort justement Fichte, on n’a pas le droit de présupposer la bonté et la perfection de l’homme) et il estimera ne pas pouvoir se décharger sur les autres des conséquences de sa propre action pour autant qu’il aura pu les prévoir » Max Weber (in Le Savant et le Politique (1919), trad. J. Freund revue par E. Fleischmann et É. de Dampierre, © Plan 1959, 10/18, colt. «Bibliothèques», 1963, p. 206-207). 

Comment pouvons-nous voir que nous sommes responsables? Parfois, regarder le côté opposé peut nous aider à “réfléchir” comme un portrait inversé. La question peut être : que fait / comment agit quelqu’un d’irresponsable ? Il n’est pas fiable. Il se trouve des excuses quand il n’a pas fait ce qu’il avait dit. Il esquive une conversation désagréable. Il accuse les autres, le contexte… Je vous laisse compléter le portrait ! Nous pouvons agir ainsi parfois, selon le contexte, notre état émotionnel… Le but n’est pas de juger mais d’être conscient de ce qui est en jeu, de voir quel est l’enjeu… Quand nous agissons ainsi, il peut être intéressant de regarder quels sont les bénéfices que nous retirons de la situation. Il peut parfois être « confortable » de ne pas être responsable pour que l’on prenne soin de nous ou que l’on fasse à notre place ou pour qu’on nous plaigne de notre situation… 

Un autre élément de réflexion est le jeu relationnel. Eric Berne, fondateur de l’analyse transactionnelle, parle des trois facettes de notre personnalité : le parent, l’enfant ou l’adulte. Nous interagissons entre nous avec l’une de ses trois facettes à tour de rôle, de façon plus ou moins consciente ! Le parent va davantage être dans l’injonction et va “inconsciemment” parler à la facette “enfant” de son interlocuteur. Quand nous entrons en relation avec la facette de l’enfant, nous allons être plus dans la dépendance, la soumission, une posture “infantile”. La troisième facette, celle de l’adulte correspond à la posture de responsabilité. Dans l’idéal, nous “devrions” interagir entre nous d’adulte à adulte… La facette du parent n’est pas responsabilisant dans ce modèle. Il est plutôt infantilisant, gardant dans la dépendance et n’autonomisant pas. 

Cela concerne l’éducation mais aussi nos relations en tant qu’adultes. Même s’il y a des rapports hiérarchiques, un “bon” responsable responsabilise sans lâcher. C’est l’équilibre à trouver entre les deux qui est sans doute délicat et toujours à chercher. Selon nos tempérament, nous pouvons avoir tendance à aimer “contrôler” ou “laisser aller”, c’est à dire laisser l’autre faire à sa guise, “tant que le travail est fait, pas de problème”… Le docteur Philippe Rodet en parle dans ses ouvrages sur le management bieveillant et Simon Sinek l’aborde dans sa réflexion constante sur le leadership bienveillant et efficace.Car les deux vont ensemble en fait !!

En tant que coach, nous accompagnons nos clients dans une relation de partenariat. Nous ne sommes pas en “posture haute” comme le psychologue par exemple par rapport à son patient. La/le coach est spécialiste du/ des processus existant(s) pour accompagner sa cliente / son client à atteindre son objectif. La personne se connaît et connaît sa situation mieux que quiconque. Ce sont les questions de la / du coach qui vont aider la personne à prendre conscience de sa situation, de ses ressources, de ses blocages, de ses avancées, des étapes les plus pertinentes pour atteindre son objectif. La personne responsable est capable de répondre qu’elle ne sait pas. Elle assume sa part d’humanité, de fragilité. La/le responsable n’est pas “tout-puissant”, “tout sachant”… 

Et toi, dans quel domaine es-tu facilement responsable ? Y a-t-il des contextes où tu l’es moins ? Avec qui ?  A quoi est-ce lié selon toi ? Quelles bénéfices en tires-tu ? Quand tu es en posture d’autorité – éducative ou managériale, es-tu plutôt responsabilisante ou infantilisante ? Qu’est-ce que cela t’apporte ? Quel “boss” es-tu ? Si tu veux y voir plus clair, tu peux aussi demander à tes collaborateurs/trices ou tes proches comment ils te perçoivent sur ce sujet. C’est un bel exercice de confiance et d’apprentissage sur soi, car nous n’avons pas le même regard sur nous-mêmes que les autres. 

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