La mémoire traumatique

Photo de Inga Seliverstova: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-tenant-des-photos-instantanees-3589898/

Qu’est-ce que la mémoire traumatique ? Comment peut-elle nous affecter ? Quels liens entre mémoire et trauma ? Nous allons tâcher d’aborder ici ces différentes questions.

La mémoire est – avec l’intelligence et la volonté – une des trois facultés maîtresses de l’âme humaine, de notre psyché, selon Augustin d’Hippone. Quand nous vivons un traumatisme, la mémoire peut être affectée de différentes manières, qui peuvent être exactement opposées.

Une des possibilités est de vivre une amnésie traumatique. C’est le black-out, nous nous souvenons alors tout simplement plus de l’événement, même s’il a été recurrent pendant un temps. Cette amnésie permet à la personne de continuer à vivre « comme si » rien ne s’était passé… ou presque. Car cela ne veut pas dire que notre inconscient ne va pas fonctionner. Nous allons sans doute nous protéger de situations qui pourraient ressembler à ce que nous avons vécu mais cela n’est alors pas conscient. La personne qui vit cela peut ne pas comprendre pourquoi elle vit les conséquences possibles d’un trauma – comme la peur, la mésestime de soi… – sans en comprendre la cause qui lui demeure cachée.

Parfois, au bout de 10, 20, 30 ans, la mémoire revient soudainement, possiblement par bribes. Des flashs reviennent à la personne qui peut se demander si ce qu’elle a vécu était réel ou si c’est une invention de son esprit. La cause de cette reviviscence de la mémoire enfouie peut être le fait d’être dans un contexte enfin sécure où l’on peut – enfin – lâcher notre armure de protection. Elle peut aussi venir d’un déclencheur comme le fait de revenir dans un lieu ou de revoir une personne lié au traumatisme initial, par exemple.

Une autre possibilité est d’être – à l’inverse de la situation précédente – dans une mémoire « vive » du trauma. On vit alors « en boucle » l’episode traumatique. Cela peut être tous les soirs avant de s’endormir ou survenir n’importe quand, au moindre déclencheurs qui rappelle à la personne ce qu’elle a vécu : une odeur, un nom, un lieu, une corpulence… Tous les sens peuvent être des déclencheurs, à l’inverse de la Madeleine de Proust qui l’ancrait dans une expérience ressource… là, c’est une « ancre » qui semble enfermer la personne dans la mémoire du mal subi… La mémoire là tourne en boucle pour aider la personne à ne pas oublier et à ne pas revivre cet événement. Cela lui fait cependant revivre autrement tant cette mémoire est vivante et semble réaliste.

Cela fait partie de ce qu’on appelle l’ESPT, l’état de stress post-traumatique.

Alors, que faire avec cela ?

Le chemin de guérison de chacun.e est unique. Il n’y a pas une chose qui marche pour tous. Ici, une des choses qui peut aider est de pouvoir écrire, mettre sur papier les flashs qui viennent, tâcher de les ordonner, de les coucher sur papier ou sur ordinateur. Il est possible d’interroger des proches, de ressortir des photos. Ce travail de recherche peut rendre temporairement les choses plus difficiles. Car les flashs peuvent alors s’intensifier. Mais une fois le travail fait, les flashs peuvent s’estomper et même disparaître.

Il existe des thérapies comme l’EMDR qui sont particulièrement recommandées pour les traumatismes. Pour certains.nes, le chemin de guérison passera par l’art : art thérapie, musicothérapie, journal créatif, danse… Parfois, l’hypnose peut aider soit à aider à faire revenir la mémoire, soit à apaiser la mémoire traumatique qui peut revenir à l’occasion d’étapes particulières comme une convocation en justice. Certaines thérapies passent aussi par le corps comme le TRE (fondée par David Beffroi aux Etats-Unis). Certaines.ns préfèrent ne pas parler, la PNL peut être un chemin possible. Parfois, un soutien médicamenteux peut être nécessaire.

Quand les flashs viennent, le fait de s’ancrer dans l’ici et le maintenant peut aider. Où suis-je ? Que fais-je ? Toucher un objet de l’endroit où nous sommes avec conscience. Regarder les personnes qui nous entourent… La mémoire traumatique nous remet dans le passé, s’ancrer dans le présent est un moyen possible pour revenir à nous-mêmes.

Je ne prétends pas être exhaustive ici. Ce qui compte est de trouver ce dont nous avons besoin à chaque étape de notre propre chemin de guérison. S’écouter est fondamental, pouvoir se confier à des personnes qui nous soutiennent est aussi très important, exprimer d’une façon ou d’une autre – verbal ou non verbal – ce que nous avons traversé est un autre aspect central.

Si tu as connu un traumatisme, quel a été ton chemin de libération ? Qu’est-ce qui t’a aidé à cheminer ?

#trauma #mémoire #guérison

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