Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une* ! 

On parle parfois de crise de la quarantaine ou de la cinquantaine. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui est enjeu ici ?

Nous n’avons qu’une vie, pendant un temps nous « croyons » que nous avons le temps. En arrivée à la « mi-temps » de notre vie, il peut arriver que nous nous rendions compte que celle-ci ne corresponde pas à nos aspirations réelles et profondes… Cela peut entraîner des choix radicaux qui ne sont pas toujours compris… Je suis tombée régulièrement sur ce livre* de Raphaëlle Giordano quand je suis sortie de la communauté : Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une. J’étais tout à fait dans cette dynamique-là. C’est comme si en entrant dans la quarantaine, je n’avais plus le temps de faire « comme si » tout va bien quand ce n’est pas le cas. J’avais cherché par tous les moyens d’être « satisfaite » de ce que je vivais, mais la réalité est que ce n’était pas le cas. J’en ai pris acte et j’ai décidé de prendre du recul.

Pas mal de romans parle de cette « urgence ». Dans Manges, pries et aimes (Elizabeth Gilbert), Elizabeth fait cette prise de conscience dans sa salle de bain. Cela la pousse à tout quitter de son ancienne vie et aller vers ce qu’elle porte en elle. Cela passe pour elle par l’attention à trois désirs qui l’habitent, qu’elle va explorer en allant dans des lieux différents. Elle va prendre soin de son corps en allant en Italie et apprendre à manger autre chose que de la junk food. Elle va prendre soin de son âme en allant en Inde et se connecter à sa vie intérieure. Elle va prendre soin de son cœur en s’ouvrant à l’amour à Bali. Le cheminement intérieur passe par un voyage initiatique extérieure… Penses-tu à un autre roman ou film qui parle de cela ? Quel est l’enseignement que tu as pu recevoir de cela ?

Que faire de ses intuitions qui nous traversent et peuvent aussi être des « tentations » de fuite ? Comment discerner ce qui est juste ? Comme tu le sais, j’aime revenir au sens des mots. Souvent, pour parler de cela, on parle de « crise » de la quarantaine ou de la cinquantaine… Que signifie le mot « crise », d’où vient-il ? En grec, le terme « krisis » veut dire : distinguer, choisir, séparer, décider et même juger ». La crise nous met face à un tri, un choix. Avant, soit nous étions dans la confusion, soit nous étions dans le « laisser-faire » ce qui est. Avec la crise, on ne peut plus faire « comme si ». Nous sommes mise en face de la réalité et nous ne voulons plus d’une partie de ce que nous voyons, vivons. Alors, nous faisons le tri : ça ? oui, ça ? non, ça ? à voir ! La krisis demange une diakrisis, un discernement. Cela veut aussi dire « discuter » en grec. J’ai besoin de me poser et comme « discuter » avec moi-même, avoir ce dialogue intérieur : qu’est-ce qui est important pour moi ? qu’est-ce que je veux vraiment ?

Pour moi, une des choses qui m’épuisait au monastère est que j’avais le sentiment que je ne pouvais pas vraiment être pleinement moi-même, ni prendre mes propres décisions sur ce qui me concernait. Cela passait par le fait de sentir des appels comme continuer à approfondir ma foi en faisant des études de théologie ou animer des sessions pour nos hôtes.  Pour cela, je dépendais toujours d’autres personnes pour pouvoir le faire. S’il était décidé que ce n’était pas possible, je n’avais aucun impact. Ça a été un des aspects de mon discernement. Je veux pouvoir vivre ce que je porte et ne pas dépendre de quelqu’un sur ce qui compte vraiment pour moi et ce qui me fait vivre. Il y avait aussi la question de la personne de qui je dépendais pour cela. J’ai eu longtemps une Prieure qui avait une profonde écoute, ce qui ne veut pas dire qu’elle disait oui à tout, elle savait aussi me challengé, mais elle écoutait, accueillait vraiment ce que je portais et ce que je lui disait. Elle cherchait vraiment ma croissance et j’ai beaucoup reçu d’elle. Le jour où cela a changé et où j’avais en face quelqu’un qui n’était pas vraiment bienveillante à mon égard et dont la réponse quasi systématique était de me dire non, cela n’était plus possible. Autant, la limite permet la croissance… autant dire un « refus » à tout ne fait que faire grandir l’opposition et ne peut construire quoi que ce soit…

Et toi, as-tu vécu une telle prise de conscience ? Quel cheminement as-tu vécu ? Quel changement cela a-t-il entraîné dans ta vie ? Qu’est-ce qui t’a aidé à traverser cette étape de ta vie ? Es-tu heureuse de t’être écoutée ?

#discernement #crise #vie #quarantaine

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