Discerner

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Comment discerner quand nous avons une décision à prendre ? Le discernement est une aptitude essentielle. Il ne s’agit pas seulement de faire un choix parmi plusieurs options, mais de choisir ce qui est le plus juste, aligné avec tes valeurs, ton identité, et parfois, avec un appel plus profond. Explorons l’origine et le sens de ce mot, les pièges à éviter, et les outils pour pratiquer un discernement éclairé.

L’étymologie du discernement : des racines riches de sens

Vous savez mon amour des mots et de leur sens. J’aimerai d’abord éclairer le sens de cette action de discerner par ses origines étymologiques.

Le mot « discernement » provient du latin discernere, qui signifie « séparer », « mettre à part », ou « faire la distinction ». Cette origine met en lumière l’idée de clarification et de tri.Il montre la confusion ou l’obscurité dans laquelle nous pouvons être au début de notre discernement.

En grec, c’est le terme diakrisis (διάκρισις) qui est utilisé. Il signifie littéralement « séparation » ou « jugement ». Littéralement : ‘dia’ veut dire “à travers” et “krisis” a donné le mot “crise”..; Le discernement est ce qui permet de travers la “crise. Et cela demande de juger (sens du mot diacrisis), de trancher, se positionner !

En hébreu, le discernement est associé au mot binah (בִּינָה), qui signifie « intelligence ». Celle-ci se caractérise par la capacité de choisir entre deux choses (en hébreux : bên… ou bên… ). Le discernement est la sagesse du choix. C’est un des trois formes d’intelligence mise en valeur dans la tradition juive.

Le chemin du discernement – 

A Montréal, j’ai appris à accompagner en regardant les “indices de force”. Le discernement est au milieu de deux autres indices auquel il est connecté : la perception, la discernement et le jugement. Cet ordre a été pour moi très éclairant. Jeannine Guindon mettait ces trois indices dans la force du vouloir à côté d’une autre paire : le choix et le renoncement ! En quoi cette trilogie peut nous intéresser pour discerner ? 

La perception -> pour pouvoir discerner, la première chose à faire est de percevoir ! Qu’est-ce que je perçois tant avec mes sens extérieurs – vue, toucher, odorat…- qu’avec mes sens intérieurs – mes tripes et mon sens spirituel… Je ne pourrais pas discerner si je ne prends pas d’abord le temps de la perception, le temps de descendre dans mes sens et de les écouter ! Descendre dans mon corps et l’écouter ! Percevoir les émotions qui me traversent ! Ecouter mes pensées !… Cette première phase est une phase essentielle d’écoute et d’accueil. Il y a une forme de passivité qui n’est pas toujours confortable et qui est pourtant indispensable !

Le discernement -> c’est le temps d’explorer, de regarder vers où je pourrais aller. Un des discernement les plus importants que j’ai eu à vivre a été de savoir ce que je faisais lors de mon temps de recul / ma communauté monastique : est-ce que je quitte la vie monastique ou je reste moniale ? Est-ce que je reviens dans ma communauté ou est-ce que je demande le transfert dans une autre communauté ? Quel métier je choisis ? Est-ce que je travaille ? Dans quel domaine ? … Se poser toutes ces questions appartient à cette phase de questionnement, de discernement. Phase d’exploration des possibles et de questionnement qui n’est pas la plus confortable non plus mais qui va permettre d’arriver à une décision dans la phase suivante

Le jugement -> Le jugement ici signifie le fait de trancher. Dans la phase précédente, nous avons vu toutes les options possibles, maintenant, on se décide pour une option. C’est cela le sens du jugement. Quel lien avec le discernement ? On se souviendra qu’en grec, un des sens de diakrisis est précisément le jugement ! Elle nous dit que le discernement est réellement terminé quand on a tranché, qu’on s’est positionné, qu’on a pris une décision et pas quand on est dans cette phase exploratoire qui peut avoir un goût d’ambivalence ! 

Quelques outils pour discerner 

L’attention à la paix intérieure est un critère fondamental d’alignement à soi et si on est croyant à la volonté de Dieu.

L’écriture. Tenir un journal, écrire ses questions et son cheminement,  lister les avantages et inconvénients d’une décision peut clarifier les pensées. noter ses émotions, ses décisions et les relire pour voir son propre cheminement..

Echanger avec quelqu’un –. Qu’il s’agisse d’un accompagnement formel par un thérapeuthe, un mentor ou un coach ou d’un échange avec son conjoint, une amie et une personne de confiance : un regard extérieur peut offrir des perspectives nouvelles et enrichir la réflexion.

Se donner du temps. Lorsque c’est possible, laisser mûrir une décision permet souvent d’y voir plus clair et d’éviter les choix impulsifs.

La cohérence avec ses valeurs. Avant de décider, il est utile de vérifier si le choix est aligné avec ses croyances profondes, ses aspirations, et la personne que l’on souhaite devenir.

La prière permet de revenir à son coeur et d’entrer en dialogue avec Dieu pour éclairer notre choix.

la lecture d’ouvrage ou d’article, l’écoute de podcast ou de video peuvent permettre aussi d’éclairer notre questionnement.

Les erreurs courantes dans le discernement

Prendre une décision dans une situation de crise : même si le discernement est lié au fait de sortir d’une crise, prendre sa décision sur un coup de sang peut-être à la fois irrémédiable et vite regrettée !

Se laisser guider par les émotions immédiates : Les émotions, bien que précieuses, peuvent brouiller la réflexion. Une décision prise sous l’emprise de la colère, de la peur ou de l’excitation peut manquer de sagesse.

Ignorer ses valeurs profondes : Lorsque le discernement est guidé uniquement par des critères externes (comme l’opinion des autres ou des pressions sociales), il risque de manquer d’authenticité.

Vouloir tout contrôler : Le discernement demande une part d’abandon et de confiance. Chercher une certitude absolue avant d’agir peut paralyser le processus.

Confondre vitesse et précipitation : Vouloir décider rapidement peut mener à des choix hâtifs. Un bon discernement prend le temps nécessaire pour évaluer toutes les options.

Conclusion : Le discernement, un chemin vers la liberté intérieure

Ecouter son corps, écouter ses sentiments, écouter ses tripes, réfléchir avec sa tête aussi aux options possibles, le discernement nous prend tout entier. Même si nous pouvons au long du chemin, échanger avec d’autres, la réponse, le “jugement” nous appartient à nous seuls et à personne d’autres. Le discernement est un exercice en vérité solitaire, qui nous confronte à notre identité unique. Pratiquer le discernement, c’est accepter d’embrasser la complexité et de s’engager dans un processus de réflexion profonde. Il ne s’agit pas de chercher la perfection ou la certitude absolue, mais de faire des choix alignés avec soi-même et ses valeurs. C’est une compétence qui se développe avec le temps et l’expérience, mais qui, lorsqu’elle est pratiquée, ouvre la voie à une vie plus épanouissante et plus authentique. C’est un vrai chemin de liberté et d’alignement avec soi-même !

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