“La carte n’est pas le territoire” est une parole prononcée par le fondateur de la sémantique général Alfred Korzybski. Cette phrase a fait couler beaucoup d’encre et c’est une présupposé central de la PNL – programmation Neuro-Linguistique. Que signifie t-elle ?
Je commencerai par une histoire pour illustrer mon propos. Si plusieurs personnes ont les yeux bandés et qu’on leur fait toucher à chacun une seule des parties différentes de l’animal : ses pattes, ses défenses, son ventre, sa queue, sa trompe, ses oreilles… et que l’on demande aux personnes de décrire ce qu’ils ont perçu. Ils vont tous décrire des choses différentes. Et si on leur fait rentrer en dialogue, ils vont sans doute ne pas être d’accord sur la description, estimant avoir chacun “raison” sur ce qu’il a perçu. Ils ont en fait tous “raison”. Mais personne n’a “vu” la réalité globale. C’est un peu cela la différence entre la carte et le territoire.
Nous avons tous une représentation de nous-mêmes, du monde qui nous entoure, des autres, qui est unique et personnelle. C’est notre carte. Chacun a une carte différente. Aucun de nous ne peut prétendre être “objectif”, de connaître la réalité comme “objectivement”. La réalité est le territoire. Nous voyons le monde à partir de nos lunettes, notre histoire, nos expériences de vie. Avoir conscience de cette différence entre la réalité, d’une part, et notre perception et notre représentation, d’autre part, est très important pour ne pas être dans l’illusion. C’est ce que signifie : “la carte n’est pas le territoire”. C’est ce qui fait que le chemin de chacun/e est unique aussi. Je ne peux pas plaquer sur l’autre une solution qui a marché pour moi, car l’autre est autre, fondamentalement. Laissez l’autre être autre… Accueillir son unicité et la mienne.
Cela ne veut pas dire qu’il faut s’arrêter là. Je peux être déplacé.e par des rencontres. Je peux le faire par décision. Notre ouverture grandit si nous tâchons de nous ouvrir à la perspective de l’autre. Cela peut nous déranger, nous déplacer et cela nous fait sans doute grandir.Je me souviens d’une journée de sensibilisation à l’accessibilité aux fauteuils roulants où les personnes qui le souhaitaient étaient invités à en aller d’un point A à un point B d’abord à pied, puis en fauteuil roulant. Alors qu’en étant à pied, le trajet était rapide et simple, en fauteuil, cela demandait de faire tout un détour car rien n’était adapté pour un fauteuil roulant Sans parler d’expérimenter les chocs dans les chocs dans le dos à chaque montée de trottoire… Les personnes qui ont vécu cette expérience ont pu être sensibilisés au défi que cela peut-être pour les personnes “à mobilité réduite” de pouvoir se déplacer, alors que pour eux, c’est habituellement simple. Cela a un peu ouvert leur carte à cette réalité. Cela n’est pas leur carte habituelle, mais cela les a ouvert à une autre carte.
Notre carte n’est heureusement pas figée. Nous pouvons évoluer ! Notre carte, nos lunettes peuvent évoluer par nos choix, par nos rencontres. C’est ce à quoi peut servir – notamment – la “reprogrammation” neuro-linguistique. Nous pouvons être bloqué par des expériences passées qui nous figent dans une manière de voir, un comportement, par ce qu’on appelle des croyances “limitantes”. Pour le cerveau, il n’y a que le présent. On peut ainsi ancrer de nouvelles croyances “ressources” pour bâtir un nouvel avenir à la place des premières.
Un autre champ important est celui des relations et de la communication. Parfois, nous pouvons êtres persuadé d’avoir “compris l’autre”. Or même en regardant ensemble une même “réalité” – un territoire – nous avons notre propre vision : deux cartes différentes. Donc, il est important de prendre le temps d’écouter ce que l’autre veut dire quand il utilise tel mot, qu’est-ce qu’il ressent quand il entend telle expérience… Car notre corps touche toute notre personne : corps, esprit, âme. Notre carte inclut nos pensées, nos émotions, nos tensions ou détentes corporelles !. A l’IFHIM, on nous invitait régulièrement à avoir une “représentation différenciée de soi et de l’autre.” Ce qui rejoint ce chemin d’accueil, de différenciation vis-à-vis de l’autre, qui permet de gagner en conscience de soi, et en conscience de l’autre.
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