Temps et trauma

Combien de temps faut-il pour se remettre d’un traumatisme ? Est-ce qu’il est vrai que « le temps guérit toutes les blessures » ?

On entend beaucoup de choses sur le temps de guérison du trauma. Je ne crois pas qu’il y ait de « règles » valables pour tous. Pas mal de facteurs sont en jeu : la personne elle-même, sa dynamique propre, son histoire, son caractère, son état de santé physique, psychique, son état d’esprit… Ensuite, il y a son environnement : est-elle toujours dans les conditions du trauma ? A-t-elle des personnes qui la soutiennent sur son chemin ?… L’approche est à la fois « individuelle » et aussi « systémique ».

Personnellement, j’ai pu parler pour la première fois quand je me suis retrouvée dans un contexte où j’étais « en sécurité » physique ET affective, soit 16 ans après la première agression vécue… Comment trouver ou donner cette sécurité minimale qui permettent à la parole de sortir ? Cela peut être une sécurité que je trouve dans la relation avec une personne de confiance. Cela ne veut pas forcément dire que « tout va bien » dans ma vie directement. Est-ce que quand quelqu’un me tend une perche je la saisis ou je lui dis de me la lancer plus tard ? Je suis du genre à attraper les perches qu’on me tend et à ne pas lâcher pour pouvoir regagner le bord. Il y a des opportunités. Certaines personnes les voient, d’autres peuvent prendre « l’excuse » de ce qu’ils ont vécu pour rester bloquer ou ne simplement pas les voir. Cela peut être temporaire, cela peut faire partie de la dynamique de la personne. Je ne suis pas responsable de ce que j’ai vécu mais je suis responsable de ce que j’en fais. Car il s’agit de MA vie ! Est-ce que je choisis de vivre ?

Il peut y avoir besoin de temps, de maturation et la mémoire peut être révélateur de ce temps nécessaire. Pour certaines personnes, c’est l’amnésie traumatique quasi immédiate, permettant à la personne de « fonctionner » normalement et de vivre sa vie, sans avoir conscience de ce qu’elle a vécu. La mémoire peut revenir au bout de plusieurs mois, voire plusieurs dizaines d’années après parfois, redonnée par bribes, autant que la personne peut porter, petit à petit. D’autres seront en état de stress post traumatique et revivront leur trauma en boucle… Un « détail » – une odeur, un nom, une personne, un lieu les ramenant instantanément au trauma…

Parfois le chemin peut aussi s’éclairer très rapidement à l’occasion d’un entretien ou d’une thérapie particulièrement efficace, arrivant sans doute aussi au bon moment, avec la bonne personne, la démarche qui me corresponde. Pour ma part, un entretien clé de 2h00 m’a permis de me remettre de l’essentiel de mon trauma. Cela a entraîné un changement profond intérieur. J’étais sortie du ESPT et remise. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus aucun « retour » en étant confrontée à des déclencheurs. Mais il y a un « avant » et un « après » très clair. J’ai pu être témoin de ces entretiens clés à l’IFHIM à Montréal et aussi lors de session de PNL. Je l’ai vécu avec des clients/es. Ces changements rapides sont aussi le fruit du chemin personnel et du travail préparatoire. Ils ne sont pas « magiques ».

Le temps ne guérit pas « miraculeusement » nos blessures et sans aucun désir d’avancer de notre part. Cela ne veut pas dire que le chemin soit obligatoirement long et difficile. Nous avons des temps différents. A certains moments, nous faisons de grandes avancées et d’autres fois, nous pouvons régresser – objectivement ou subjectivement. Le temps n’est pas linéaire. Ce sont comme les étapes du deuil modélisées par Elisabeth Kübler-Ross. Nous pouvons aller et venir entre les étapes. Le temps est donc unique pour chacun. Il s’agit de s’écouter et de savoir dans quelle direction nous voulons aller. On ne fait pas pousser une plante en tirant dessus. Il y a une maturité personnelle.

Et toi, quel a été ton chemin de résilience ? Quel a été ton temps ? ton rythme ? tes temps de guérison ?

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