Le trouble relationnel

T’arrives tu dans certains contextes de perdre totalement tes moyens. Cela peut être un trouble relationnel. Ceux-ci peuvent nous toucher tous, ils sont souvent liés à notre histoire d’enfant. Il est particulièrement important d’en avoir conscience en tant qu’accompagnant.

Le trouble relationnel : un miroir de nos blessures et de nos apprentissages

Le trouble relationnel désigne une difficulté à être en lien avec les autres de manière fluide, confiante et ajustée.
Mais ce mot ne désigne pas toujours un trouble au sens pathologique : il peut aussi renvoyer à un déséquilibre passager, à une période de tension, ou à un moment de vulnérabilité dans une relation.
Car nos liens ne sont jamais figés : ils évoluent avec nos émotions, nos histoires et nos contextes de vie.

Sur le plan théorique, la notion s’appuie sur la psychologie de l’attachement développée par John Bowlby, puis approfondie par Mary Ainsworth et Daniel Stern. Nos premières expériences relationnelles façonnent notre manière d’aimer, de faire confiance, de poser des limites.
Mais ces empreintes précoces ne sont pas un destin. Elles sont des tendances relationnelles qui peuvent évoluer tout au long de la vie, à mesure que nous gagnons en conscience et en sécurité intérieure.

En France, Boris Cyrulnik a popularisé cette approche en rappelant que la résilience se tisse dans le lien. Autrement dit : ce qui a pu fragiliser la relation peut aussi devenir, plus tard, un lieu de réparation et de croissance.

Une dimension clinique : des racines… mais aussi des passages

Sur le plan clinique, le trouble relationnel peut exprimer une blessure du lien.
Il se manifeste parfois par des comportements de protection : se fermer, contrôler, dépendre, fuir ou s’adapter. Ces réactions traduisent moins un dysfonctionnement qu’une tentative de se préserver.

Mais il est essentiel de rappeler que ces difficultés peuvent être circonstancielles : liées à une période de stress, de changement, ou à une rencontre qui réactive une vieille peur.
Un désaccord avec un collègue, un conflit familial, une rupture peuvent momentanément fragiliser notre manière d’être en lien sans qu’il s’agisse d’un trouble au long cours.

Reconnaître cela permet de quitter une lecture figée de soi : nous avons tous des zones de fragilité relationnelle, mais elles peuvent évoluer, se transformer, se pacifier.

Dans la relation d’accompagnement : un espace vivant et partagé

Le trouble relationnel n’appartient pas qu’à la personne accompagnée : il se vit et s’observe aussi dans la relation même d’accompagnement.
Le coach, le thérapeute ou le formateur peut lui aussi ressentir des mouvements internes : une gêne, une distance, une attirance, une irritation… Ces réactions ne sont pas des erreurs, mais des indicateurs subtils du lien.

L’accompagnement devient alors un espace vivant de co-réflexion : la relation y est à la fois matière et miroir.
Quand le professionnel adopte une posture réflexive — ni toute-puissante ni neutre — il ouvre la possibilité d’un ajustement mutuel.
Ce qui se joue entre deux personnes peut être nommé, exploré, transformé.
C’est ainsi que la relation, même traversée par des tensions, devient un lieu d’apprentissage partagé plutôt qu’un terrain de déséquilibre.

Dans le quotidien : reconnaître les signaux et retrouver l’équilibre

Dans la vie de tous les jours, le trouble relationnel peut se manifester par un sentiment de distance, de malentendu ou de surcharge émotionnelle dans certaines relations.
Ces moments ne sont pas des échecs, mais des signaux : ils nous rappellent que la relation est vivante et qu’elle a besoin d’attention.

Réapprendre à être en lien, c’est accepter ces fluctuations.
C’est reconnaître quand on a besoin de prendre du recul, quand il est temps de parler, ou simplement d’écouter.
C’est accepter que la relation ne soit pas toujours simple, mais qu’elle peut être un terrain d’évolution intérieure.

Conclusion

Le trouble relationnel, qu’il soit ponctuel ou plus installé, nous renvoie à notre capacité à aimer, à nous ajuster, à rester présents à l’autre et à nous-mêmes.
Il ne s’agit pas de le supprimer, mais d’en faire une source d’apprentissage.
Car c’est souvent au cœur de la relation, dans ses fragilités et ses élans, que se rejoue notre humanité.

Bibliographie

  • John BOWLBY, Attachement et perte. Vol. 1 : L’attachement, PUF, 1978.
  • Daniel N. STERN, Le monde interpersonnel du nourrisson, PUF, 1989.
  • Boris CYRULNIK, Les nourritures affectives, Odile Jacob, 1993.
  • Irvin D. YALOM, Le don de la thérapie. Lettre ouverte à la nouvelle génération de thérapeutes et à leurs patients, Galaade Éditions, 2004.
  • Saverio TOMASELLA, La sensibilité : une force en soi, Eyrolles, 2020.
  • Sylvie TENENBAUM, Ces amours qui nous font mal : comprendre et surmonter la dépendance affective, Albin Michel, 2014.

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