La supervision

source image : tableau du musée des beaux arts de Rouen -> la supervision permet de prendre de la hauteur, d’avoir une vision plus large de ce qui est en jeux et se passe dans ta pratique professionnelle.

Quand on accompagne d’autres personnes, il est précieux d’avoir soi-même un lieu pour déposer, réfléchir et se développer. La supervision offre cet espace privilégié : elle soutient, éclaire et renforce ta posture professionnelle.

Origine et développement de la supervision –

La supervision trouve ses racines au début du XXᵉ siècle dans le champ de la psychanalyse, où elle servait à accompagner les jeunes praticiens dans leur formation. Sigmund Freud insistait déjà sur l’importance d’un regard extérieur expérimenté pour garantir la qualité du travail thérapeutique et soutenir le développement professionnel. Progressivement, la pratique s’est élargie aux domaines de la psychothérapie et du travail social, devenant un espace structuré de réflexion sur la posture, les émotions et les dynamiques relationnelles en jeu dans la relation d’aide.

À partir des années 1980-1990, la supervision s’est progressivement diffusée dans le coaching professionnel, d’abord dans les pays anglo-saxons, puis en Europe continentale. Elle y est devenue un pilier de la professionnalisation, au même titre que la formation initiale et la déontologie. Aujourd’hui, la supervision s’adresse à une grande diversité de métiers de l’accompagnement : coachs, éducateurs, enseignants, managers, soignants… Elle est reconnue comme une pratique essentielle pour garantir la qualité des interventions, soutenir la posture réflexive, prévenir l’épuisement et favoriser le développement continu tout au long de la carrière.

Qu’est-ce que la supervision ?

La supervision est une pratique structurée qui s’adresse à toutes les personnes engagées dans une relation d’accompagnement : coachs, thérapeutes, enseignants, managers, soignants, éducateurs… Elle permet de prendre du recul sur ta pratique, d’explorer des situations complexes, et de continuer à te développer dans un cadre sécurisé et bienveillant.

Contrairement à une formation, qui vise principalement l’acquisition de connaissances ou de compétences, la supervision se concentre sur ta posture, tes interactions et les dynamiques en jeu dans ta pratique. Elle ne donne pas des “recettes” toutes faites, mais t’aide à mieux comprendre ce que tu vis, ce que tu ressens, et comment cela influence ta manière d’accompagner.

Concrètement, une séance de supervision peut prendre différentes formes selon les besoins :

  • un travail individuel sur une situation qui t’a questionné ou déstabilisé,
  • une réflexion sur ta posture ou ta manière d’intervenir,
  • une analyse plus systémique d’un cas ou d’un groupe,
  • un espace de régulation émotionnelle pour éviter l’accumulation de stress ou de fatigue.

C’est un temps pour ralentir, comprendre et ajuster, loin de la pression d’apporter des solutions immédiates. La supervision aide à renforcer la clarté intérieure et la solidité professionnelle.

Les bénéfices de la supervision –

L’un des grands bénéfices de la supervision est la prise de recul vis-à-vis de sa pratique. Elle contribue à la la prévention de l’épuisement professionnel. Les métiers de la relation exposent souvent à des charges émotionnelles importantes et à des situations complexes. Sans lieu de régulation, ces tensions peuvent s’accumuler et fragiliser ta pratique. La supervision t’aide à prendre soin de toi pour mieux prendre soin des autres.

Elle joue aussi un rôle clé dans le développement continu. Même après des années d’expérience, il est essentiel de garder un regard extérieur et bienveillant sur sa pratique. La supervision permet d’éviter l’isolement, de remettre en question ses automatismes, et d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion. C’est une forme d’hygiène professionnelle aussi importante que la formation. Elle fait partie du chemin de professionnalisation de l’accompagnant.

Dans certaines professions (comme le coaching au sein de l’EMCC), la supervision est même considérée comme une exigence déontologique. Elle garantit la qualité des accompagnements, protège les personnes accompagnées et soutient la professionnalisation des praticiens. Elle peut se faire en individuel ou en groupe, selon les besoins et le style de travail de chacun.

Comment choisir

La relation entre toi et ton superviseur est centrale : c’est ce lien qui permet un vrai travail en profondeur. Ce lien de confiance est essentiel pour s’engager. Pour bien choisir ton/ta superviseur.e, tu peux regarder plusieurs critères :

  • une solide expérience dans l’accompagnement,
  • une posture éthique et bienveillante,
  • une capacité à créer un espace de confiance,
  • et une pratique de supervision elle-même structurée et supervisée.

En résumé, la supervision n’est ni un luxe ni un contrôle. C’est un espace ressource, qui te permet d’évoluer en confiance, de préserver ta santé intérieure et de garantir la qualité de ton accompagnement. C’est un allié précieux pour grandir dans ta pratique et rester aligné avec ta vocation.

Pour aller plus loin :  
Martine Volle, La bible de la supervision de coaching : Fondamentaux et méthodes pour se préparer, se développer et pratiquer, Eyrolles, 2020.
Référence francophone contemporaine, très pertinente pour le coaching.
Tu peux aussi écouter son podcast : https://open.spotify.com/show/3MhyKL0XG9Ghn0BFNBLeMM?si=CLDiQqjlRMKvQXwyS4RhqQ

– Pierre Lainey, Monique Benoît, François Boulard, Jacques Lamontagne, Sylvie St-Onge, Habiletés de supervision, Chenelière Éducation, 2009.
propose un véritable “coffre à outils” pour développer les compétences concrètes du superviseur — il met l’accent davantage sur le « comment » que sur le « pourquoi ».

Florence Lamy, Michel Moral, Les outils de la supervision dans les métiers de l’accompagnement, Interéditions, mars 2021,. Les outils de la supervision, tant pour le supervisé que pour le superviseur, ainsi qu’une réflexion plus large sur la supervision dans les métiers de l’accompagnement

ET EN ANGLAIS :

Peter Hawkins & Robin Shohet, Supervision in the Helping Professions, Open University Press, 2020 (5ᵉ édition).
Ce livre est une référence majeure dans le domaine de la supervision des métiers de l’aide (counseling, coaching, psychothérapie, travail social).

Julie Hay, Reflective Practice and Supervision for Coaches, Open University Press, 2007.
Ouvrage anglophone fondateur, toujours cité dans les programmes de supervision, même s’il n’est pas récent.

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