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Que sont les constellations familiales ? Quelle est l’origine de cette démarche ? Quel lien avec la psychogénéalogie et la thérapie systémique ? Comment cela se déroule ?
Certaines difficultés personnelles semblent résister à tout : travail sur soi, prises de conscience, démarches thérapeutiques. Comme si quelque chose d’extérieur, de plus ancien, nous tirait vers une réalité qui n’est pas la nôtre. Les constellations familiales offrent une voie originale et profonde pour explorer ce qui ne se voit pas mais agit. Elles permettent de mettre en lumière les désordres ou les blocages au sein du système familial — et d’y restaurer l’équilibre, de remettre de l’ordre dans l’invisible.
Une méthode née de l’écoute des dynamiques familiales
Les constellations familiales ont été développées dans les années 1980-1990 par Bert Hellinger, thérapeute allemand et ancien prêtre missionnaire. À partir de son expérience en Afrique du Sud et de son observation des conflits familiaux en thérapie, il élabore une méthode qui permet de mettre en scène un système familial pour révéler ses dynamiques inconscientes.
L’approche s’inspire de la thérapie systémique, selon laquelle chaque personne est reliée à son entourage comme à un ensemble. Toute exclusion, inversion de rôle ou non-reconnaissance d’un membre du système peut provoquer des désordres qui se répercutent sur les générations suivantes.
Une cousine expérientielle de la psychogénéalogie
Proche dans l’esprit de la psychogénéalogie, qui analyse les transmissions familiales à travers le récit et le génogramme, la constellation familiale propose une forme expérientielle et corporelle de cette exploration. Là où la psychogénéalogie met en mots les histoires familiales, la constellation les met en espace, les rend sensibles, pour permettre à la personne de ressentir dans son corps les déséquilibres ou les élans bloqués.
Dans une constellation, il n’est pas rare que ce qui a été révélé par une enquête généalogique prenne une nouvelle profondeur à travers le ressenti : ce sont deux démarches complémentaires, l’une plus analytique, l’autre plus incarnée.
Aujourd’hui, cette méthode s’est étendue à d’autres contextes que la famille : on parle alors de constellations systémiques, utilisées dans les organisations, les entreprises, les équipes ou même dans la relation à l’argent, à la santé, à une décision. Mais c’est bien dans le champ familial que cette approche conserve sa puissance fondatrice.
Comment se déroule une constellation ?
Lors d’une constellation familiale, une personne formule une problématique personnelle (relationnelle, professionnelle, émotionnelle, existentielle…) et choisit des représentants pour les membres clés de sa famille ou de son système. Ces représentants, qu’il s’agisse de personnes dans un groupe ou d’objets en séance individuelle, sont placés dans l’espace.
À partir de là, quelque chose se passe : les représentants perçoivent des sensations, des tensions, des élans, sans rien connaître de l’histoire. Ces mouvements permettent de révéler les places mal occupées, les exclus, les identifications inconscientes, les conflits non résolus.
Le travail vise ensuite à remettre de l’ordre, à redonner leur juste place à chacun, à libérer ce qui est retenu ou figé.
Ce que cette approche permet
Les constellations ne cherchent pas à comprendre mais à ressentir et rétablir. C’est un travail corporel et symbolique, qui permet souvent de faire des pas décisifs là où le mental tourne en rond.
Elles permettent notamment :
- De mettre en lumière les loyautés inconscientes : porter le destin d’un ancêtre exclu, rejouer une histoire non dite, s’identifier à quelqu’un d’oublié.
- De restaurer les places dans le système : enfants parentifiés, relations floues, inversions de rôles.
- D’identifier les exclusions ou les deuils non faits : fausses couches, suicides, abandons, secrets.
- De permettre à la personne de retrouver sa propre place et de se délier de ce qui ne lui appartient pas.
Contrairement à une interprétation mentale, les constellations proposent une expérience sensible, souvent libératrice, parfois bouleversante, mais jamais spectaculaire.
En groupe ou en individuel ?
Les constellations peuvent se vivre :
- En groupe, avec des personnes qui jouent les représentants. L’effet de groupe apporte une intensité, une richesse de perception et un soutien fort.
- En individuel, avec des objets, des papiers au sol, des visualisations. Cette modalité est plus intime, adaptée aux personnes réservées ou aux sujets sensibles.
Dans les deux cas, le rôle de l’accompagnant est essentiel : il guide, observe, propose, mais ne dirige pas. Il respecte ce qui émerge et soutient le mouvement vers plus de clarté et de paix intérieure.
À qui s’adresse cette démarche ?
Les constellations s’adressent à toute personne qui :
- sent qu’un problème personnel résiste à la compréhension rationnelle
- souhaite se libérer d’un poids ou d’un blocage récurrent
- vit une difficulté relationnelle (avec un parent, un enfant, un partenaire…)
- a déjà travaillé sur elle mais sent que « quelque chose coince encore »
- veut explorer sa place dans sa famille, dans la vie, dans son projet
Elles ne nécessitent pas de connaître toute son histoire familiale : souvent, l’essentiel émerge à travers les ressentis, non les récits.
Une pratique qui demande un cadre solide
Parce qu’elle touche à des zones profondes de l’être, la constellation familiale demande un cadre éthique, sobre et sécurisé. Ce n’est pas un théâtre psychologique ni une reconstruction magique du passé.
Le ou la praticien·ne doit être formé·e à l’écoute systémique, respectueux·se du rythme de la personne, et sans projection ni interprétation abusive. La constellation n’a pas vocation à « révéler des secrets » ou à diagnostiquer quoi que ce soit, mais à soutenir un mouvement intérieur de vérité et de paix.
Retrouver sa juste place
Se libérer d’un poids transgénérationnel, ce n’est pas effacer le passé. C’est lui rendre sa place dans l’histoire, pour que chacun, vivant ou mort, puisse être vu, reconnu, et que la vie puisse à nouveau circuler librement.
Les constellations familiales nous rappellent que nous faisons partie d’un tout — mais que nous pouvons y habiter à notre juste place.
Bibliographie –
- Bert HELLINGER, Les fondements des constellations familiales, Le Souffle d’Or, 2004.
- Jakob Robert FISCHER & Sieglinde SCHNEIDER, Les constellations familiales en pratique, Le Souffle d’Or, 2011.
- Virginia SATIR (précurseure), La thérapie familiale en évolution, Le Souffle d’Or, 1995.
- Chantal MOTTO, Guérir le passé, vivre au présent. Les constellations familiales pour comprendre son histoire et mieux s’en libérer, Eyrolles, 2019.
