
Notre histoire personnelle s’enracine dans notre histoire familiale, que nous la connaissions ou pas : blessures, croyances, fidélités, silences… La psychogénéalogie nous invite à explorer ces transmissions inconscientes issues de notre lignée familiale. Elle ne cherche pas des coupables, mais du sens. Elle ne donne pas des recettes, mais des clés pour reprendre le fil de sa propre histoire.
Une origine dans les pas de la psychanalyse et de la clinique
La psychogénéalogie s’est développée en France dans les années 1970 grâce aux travaux d’Anne Ancelin Schützenberger, psychothérapeute et professeure de psychologie. Dans son livre Aïe, mes aïeux ! (Desclée de Brouwer, 1993), elle met en lumière les loyautés invisibles qui unissent les générations, parfois à notre insu.
Elle s’appuie sur les apports de la psychanalyse, de la thérapie familiale et du transgénérationnel. Elle propose notamment un outil clé : le génogramme, un arbre généalogique enrichi qui permet d’identifier des schémas répétitifs, des deuils non faits, des secrets de famille ou des exclus du système.
Une démarche d’enquête et de conscience
Travailler en psychogénéalogie, c’est mener une enquête sur sa lignée, mais aussi un travail de sens. On cherche à comprendre ce qui s’est transmis dans le silence : blessures, rôles imposés, fidélités invisibles, ou répétitions de dates ou d’événements.
Par exemple, une femme qui n’arrive pas à devenir mère découvre que plusieurs femmes de sa lignée ont perdu des enfants en bas âge dans des circonstances tragiques, souvent tués. Cette découverte ne guérit pas tout, mais elle ouvre un espace de reconnaissance et de liberté : sortir de la répétition inconsciente, rendre sa juste place à la douleur des autres, se délier de ce qui ne lui appartient pas.
Ce que permet la psychogénéalogie
Cette approche ne se réduit pas à une analyse de l’arbre familial : elle ouvre un chemin de transformation personnelle. Elle permet notamment :
- De repérer des loyautés inconscientes : vouloir réparer la souffrance d’un parent, rejouer une histoire familiale, porter un non-dit.
- D’identifier des répétitions transgénérationnelles : échecs à la même date, maladies, ruptures, silences.
- De redonner une place symbolique à ceux qui ont été oubliés ou exclus : enfants morts-nés, personnes rejetées, secrets.
- De reprendre la main sur sa propre trajectoire, en cessant de reproduire ou de fuir.
La psychogénéalogie aide à se réconcilier avec ses racines pour mieux faire ses choix, non plus à partir du passé, mais à partir d’un présent éclairé.
Comment être accompagné/e ?
Ce travail peut être mené seul, à travers la lecture, l’écriture ou la création de son arbre. Mais il est souvent plus puissant et plus sûr lorsqu’il est accompagné, notamment :
- Par des thérapeutes spécialisés en psychogénéalogie.
- Par des coachs formés à l’approche transgénérationnelle.
- Par des groupes d’écoute ou de pratique (ateliers).
Il ne s’agit pas de trouver des explications toutes faites, ni de plaquer des interprétations symboliques. Ce travail demande humilité, écoute et liberté intérieure. Il peut réveiller des émotions fortes : c’est pourquoi il est important d’être accompagné avec discernement et douceur. Vivre un accompagnement en constellation familiale peut être un chemin intéressant !
Se libérer sans renier
La psychogénéalogie ne propose pas d’oublier ou de dénoncer sa famille. Elle invite à regarder lucidement d’où l’on vient, à honorer les vies qui nous ont précédés, sans s’y enchaîner. Elle nous rappelle que la loyauté peut devenir liberté, quand elle est choisie et non subie.
bibliographie
- Anne ANCELIN SCHÜTZENBERGER, Aïe, mes aïeux !, Desclée de Brouwer, 1993.
- Chantal MOTTO, La psychogénéalogie par les arbres. Prenez racine dans votre histoire familiale, Eyrolles, 2025.
- Catherine DUCOMMUN-NAGY, Ces loyautés qui nous libèrent, Lattès, 2006.
- Nathalie ZAJDE, Enfants de survivants: La transmission du traumatisme chez les enfants des juifs, Odile Jacob, 2013.
