Les mécanismes de défenses

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Qu’est-ce qu’un mécanisme de défense ? A quoi sert-il ? Comment s’en libérer ?

Utilité des mécanismes de défenses –

Quand notre « psyché » se sent en danger, elle se protège. Les mécanismes de défenses sont ces protections que nous pouvons mettre en place souvent inconsciemment . Ce sont des béquilles qui nous aident à continuer à la route… A ne pas enlever de façon inconsidéré car elles visent à nous mettre en sécurité… En prendre conscience en apprenant à les repérer et être accompagné/e pour s’en libérer est un cadeau précieux !

Ces stratégies inconscientes mises en place par notre psyché visent à nous protéger de l’angoisse, de la douleur ou des conflits internes. Décrits par Sigmund Freud et développés par sa fille Anna Freud, ces mécanismes permettent d’atténuer l’impact émotionnel de certaines situations. Ils sont essentiels à notre équilibre psychologique, mais peuvent aussi nous enfermer dans des schémas répétitifs si nous ne les identifions pas.

Qu’est ce qu’un mécanisme de défense ?

Un mécanisme de défense est une réponse psychologique automatique qui nous aide à faire face à une menace perçue. Il s’agit d’un processus inconscient qui vise à protéger notre ego d’une réalité douloureuse ou anxiogène. Certains mécanismes sont considérés comme matures et adaptatifs – comme l’humour et la sublimation – d’autres, plus archaïques, peuvent être sources de souffrance et entraver notre développement personnel.

Les mécanismes de défense se mettent en place dès l’enfance et évoluent avec le temps. Ils nous permettent de maintenir une certaine stabilité émotionnelle, mais ils peuvent aussi nous empêcher d’affronter la réalité de manière constructive.

Les principaux mécanismes de défense –

On compte habituellement sept mécanismes de défenses : le refoulement, la projection, le déni, la rationalisation, le déplacement, la sublimation et l’humour. Dans le milieu religieux, j’ajouterais la spiritualisation, qui peut se situer entre la rationalisation et la sublimation. Nous allons les aborder succinctement l’un après l’autre avec un exemple.

LE REFOULEMENT

Le refoulement est l’un des mécanismes les plus fondamentaux. Il consiste à reléguer dans l’inconscient des pensées, des souvenirs ou des émotions jugés inacceptables.

Exemple : Une personne ayant vécu un événement traumatique dans son enfance n’en a aucun souvenir conscient, mais ressent des angoisses inexpliquées lorsqu’elle est confrontée à des situations similaires.

LA PROJECTION

La projection consiste à attribuer à autrui des pensées ou des émotions que l’on ne veut pas reconnaître en soi.

Exemple : Une personne jalouse de son collègue va lui reprocher d’être compétitif et calculateur, alors que ce sont en réalité ses propres sentiments qu’elle projette.

LE DENI

Le déni est un mécanisme qui empêche une personne de reconnaître une réalité dérangeante. Il est souvent observé chez des individus confrontés à des maladies graves ou des situations de dépendance. Le déni permet d’éviter une souffrance immédiate, mais peut retarder la prise de décision nécessaire pour changer une situation problématique.

Exemple : Une personne ayant une consommation excessive d’alcool insiste sur le fait qu’elle n’a aucun problème et que boire est une simple habitude sociale, malgré les remarques de son entourage.

LA RATIONALISATION

La rationalisation consiste à trouver des explications logiques et rassurantes pour justifier des comportements ou des émotions. Plutôt que d’affronter une peur ou une blessure émotionnelle, une personne pourra adopter un raisonnement qui semble cohérent mais qui masque la véritable cause de son mal-être.

Exemple : Une personne qui échoue à un entretien d’embauche va expliquer que le poste ne l’intéressait pas vraiment, plutôt que d’admettre qu’elle se sent déçue ou insuffisante.

LE DEPLACEMENT

Le déplacement est une stratégie qui consiste à rediriger une émotion d’un objet menaçant vers un autre, plus acceptable, évitant ainsi le conflit direct avec la source réelle de sa frustration.

Exemple : Un employé qui subit une réprimande injuste de son supérieur ne riposte pas mais, une fois rentré chez lui, s’énerve contre ses enfants pour un détail anodin.

Exemple : Un employé qui subit une réprimande injuste de son supérieur ne riposte pas mais, une fois rentré chez lui, s’énerve contre ses enfants pour un détail anodin.

LA SUBLIMATION

La sublimation est un mécanisme plus mature qui consiste à transformer une pulsion ou une émotion brute en une activité socialement valorisée. Son énergie est alors canaliser dans la création artistique ou le sport.

Exemple : Un adolescent qui ressent une forte agressivité canalise son énergie en s’investissant dans un sport de combat plutôt que d’exprimer sa violence dans des conflits.

L’HUMOUR

L’humour est un mécanisme de défense puissant qui permet de prendre du recul sur des situations difficiles. En tournant une douleur en dérision, il offre une distance émotionnelle qui aide à mieux la gérer. L’humour est souvent considéré comme un mécanisme mature, à condition qu’il ne serve pas uniquement à éviter d’affronter les émotions sous-jacentes.

Exemple : Une personne qui vient d’être licenciée plaisante en disant : « Enfin du temps libre pour devenir écrivain ! », ce qui l’aide à relativiser et à ne pas sombrer dans le désespoir.

LA SPIRITUALISATION

J’ajoute cet élément que je rencontre souvent chez les personnes croyantes, qui est comme une sous catégorie de la rationalisation, en version « spirituelle ».

La spiritualisation est un mécanisme de défense qui consiste à donner une signification spirituelle ou transcendante à une expérience difficile, permettant ainsi de la supporter plus facilement. Contrairement à la sublimation, qui transforme une pulsion en une activité socialement valorisée, la spiritualisation utilise des concepts spirituels pour donner du sens à une souffrance ou un conflit intérieur.

Exemple : Une personne traversant une épreuve personnelle douloureuse peut interpréter cette souffrance comme une épreuve envoyée pour renforcer sa foi ou la faire grandir intérieurement, plutôt que d’en reconnaître la source psychologique et émotionnelle.

Les mécanismes de défense : une protection nécessaire… quels point de vigilance ?

Tous ces mécanismes ont une fonction protectrice et sont nécessaires à notre équilibre psychologique. Cependant, lorsqu’ils deviennent rigides et systématiques, ils peuvent entraver notre évolution personnelle. Le refoulement excessif peut engendrer des troubles psychosomatiques, le déni peut empêcher une prise de conscience essentielle, et la projection peut créer des conflits relationnels inutiles.

L’enjeu est donc d’apprendre à reconnaître nos mécanismes de défense et à les interroger. Se poser des questions comme : Pourquoi ai-je réagi ainsi ? Quel était mon besoin à ce moment-là ? permet d’amorcer un travail de prise de conscience.

Comprendre ces processus est un premier pas vers un fonctionnement plus équilibré, où nous pouvons faire face à nos émotions et aux situations difficiles avec plus de lucidité et d’adaptabilité.

En conclusion

Quand on est touché par ces mécanisme, être accompagné/e pour prendre conscience de ces mécanismes et en sortir est souvent nécessaires.

En tant qu’accompagnant, ne pas jouer au sauveur en prétendant « libérer son client » d’un mécanisme qui comme son nom l’indique est là pour « défendre », « protéger » la personne est essentiel ! On ne peut enlever une béquille sans avoir fait le travail d’autonomie pour que la personne puisse marcher debout sans cette béquille !


Bibliographie

  • Sigmund FREUD, Le Moi et le Ça, PUF, 1923.
  • Anna FREUD, Le Moi et les mécanismes de défense, PUF, (édition originale : 1936) 2001.
  • Elisabeth ROUDINESCO, Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre, Seuil, 2014.
  • Christophe ANDRÉ et François LELORD, La force des émotions, Odile Jacob, 2001

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