L’adoption dans la Bible 1/2

Partie 1 – en partant de la première Alliance

La Bible fait référence 27 fois à l’adoption, ce qui est très peu ! En comparaison, le mot “fils” apparaît 3095 fois, par exemple ! Mais cela n’empêche pas ces occurrences d’être significatives ! Je relève ici quelques points saillants en partant de la première Alliance – ce que nous appelons souvent : Ancien Testament, la partie de la Bible reconnue par nos frères Juifs, celle avant le Christ.  

Références bibliques à l’adoption dans le premier Testament : 
– Moïse, adopté par la fille de Pharaon : Exode 2,10; Actes 7,21; Hébreux 11,24.
– Ghenubath, fils d’Hadad (Edomite), élevé au milieu des enfants de Pharaon : 1 R 11,20.
– Esther, adopté par son oncle Mardochée, à la mort de ses parents : Esther 2,7.
– Obed, fils de Ruth et Booz, est adopté par sa belle-mère, Naomi pour lui “redonner” une descendance : Ruth 4, 13-16.
– Etrange “adoption” d’un lévite par Mica pour qu’il soit “son fils et son prêtre” Juges 17,11
– Job agit avec justice envers le plus démuni “comme un père” L’adoption est une image du “prendre soin” du plus fragile dans la société. Cf. Job 31, 17-18.
– La filiation adoptive est celle de Dieu sur Salomon : “Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils.” 2 Samuel 7, 12-14

Le premier “adopté” de la Bible est Moïse, il l’est par la fille de Pharaon, alors qu’il était promis à une mort certaine. Du film Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille (1956) au film d’animation Le Prince d’Egypte, son histoire n’en finit pas d’inspirer !  Si on en revient au texte premier, voici ce qui est dit précisément : “Quand il eut grandi, elle l’amena à la fille de Pharaon, et il fut pour elle comme un fils. Elle lui donna le nom de Moïse, car, dit-elle, je l’ai retiré des eaux.” (Exode 2, 10). Je t’invite à lire les chapitres 1 et 2 de l’Exode pour te remettre le contexte de cette adoption. On peut y voir les quelques éléments qui reviennent dans les cas d’adoption

  1. le motif de l’abandon, ici de sauver la vie de son fils, qui est condamné à mort autrement. “Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra, et vous laisserez vivre toutes les filles” (Ex. 1, 22).
  2. la recherche de ses origines : “Moïse, devenu grand, se rendit vers ses frères” (Ex 2,11)
  3. la question de l’identité, de la loyauté, de la légitimité : Egyptien ou Hébreu ? cf. Exode 2 et 3

La question se pose de façon particulière dans l’histoire de Moïse puisque l’appartenance est partagée entre deux peuples “ennemis” et qu’il y a “forcément” un choix à faire entre les deux. La question n’a pas à être résolue de façon si tranchée habituellement – fort heureusement !

Un épisode symboliquement important est lié à l’histoire de David et Salomon. Car la filiation adoptive est alors celle de Dieu sur Salomon. Dieu dit à David au sujet de son fils à venir qui bâtira son temple : “Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils.” 2 Samuel 7,14 Je t’invite à lire l’ensemble du chapitre 7 du deuxième livre de Samuel qui te permettra de prendre connaissance du contexte et de goûter les différentes harmoniques de ce passage. David a construit son palais alors que Dieu réside toujours sous une tente ! Il veut bâtir un Temple au Seigneur. Le prophète Nathan commence pour lui dire oui… puis Dieu parle successivement à Nathan puis à David en lui expliquant que ce n’est pas David, mais son fils – il n’est pas nommé mais cela sera Salomon – qui bâtira “sa maison”. Tout ce chapître jour sur les différentes symboliques de la maison qui est à la maison le bâtiment et symbole de la descendance, avec le jeu entre David qui veut construire un bâtiment et Dieu qui est seul capable d’assurer la descendance charnelle. Il y a aussi tout un jeu de rapport de force là-dedans. N’est-ce pas Dieu qui affermit la royauté? et non David… Cette parole est reprise dans le psaume :”tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré” (psaume 2, 7). Elle sera reprise – dans le répertoire grégorien comme introduction à la messe de Minuit, appliqué alors à Jésus, engendré par Dieu. Quand nous prions le Notre Père, c’est bien aussi dans cette dynamique que nous sommes, en tant que “fils”, “fille” de Dieu, rendus tels par le baptême.

Les liens de parenté dans l’histoire juive sont parfois un peu obscurs pour nous. Et l’histoire de Ruth en est un bel exemple. Le livre ne fait que quatre chapitres, je t’invite à le lire en entier pour avoir l’ensemble de l’histoire en tête pour aborder plus directement le passage de Ruth 4, 13-16 qui concerne plus directement l’adoption. De quoi s’agit-il ici ? Noémi est veuve, elle a perdu ses deux fils qui n’ont pas eu d’enfants. Dans ce contexte, c’est comme si le “nom” de son mari va s’éteindre, car il n’a pas eu de descendance. Entre alors la loi du lévirat – élargie ici. Kezako ? Nous en avons une trace dans l’Evangile, dans l’épisode de Jésus avec les Sadducéens (cf. Marc 12, 18-27). Comme ils ne croient en la résurrection, il invente une histoire où une femme épouse successivement huit frères qui meurent successivement sans donner de descendance. Pourquoi font-il cela ? Quand un frère meurt sans avoir eu d’enfant, la tradition voulait que son frère prenne la veuve comme épouse pour donner une descendance à son frère – et non à lui-même. Le fils devient le fils de son frère décédé. C’est cela la loi du lévirat. Cela peut nous sembler loin culturellement, de notre manière de voir la famille dans notre société : le fait de ne pas avoir d’enfant est beaucoup moins une malédiction qu’elle l’était à l’époque, même si cela peut toujours être un lieu de souffrance. L’idée dans le livre de Ruth est le fait que Ruth – belle fille de Noémi – ayant un enfant. Obed, devient alors le fils de Noémi, qui – du coup, avait perdu ses deux fils sans descendance. Noémi “récupère” une descendance” via sa belle-fille. Ce qui est un élargissement de la loi du lévirat, qui concerne stricto sensu les frères du défunts. La question de la transmission, de la descendance est centrale dans la Bible, on est bien souvent “fils de”… En témoigne la présence de nombreuses généalogie : de la Genèse (Gn 10) aux portes d’entrée des Evangiles (Mt 1,1+; Luc 3, 23+)

Dans le livre de Job, les questions du mal et du malheur sont adressées : suis-je touché/e par le malheur car j’ai fait le mal ? Ses “amis” répondent : “oui, certainement” ! Et Job s’en défend avec vigueur, donnant des exemples nombreux de sa pratique de la justice dans sa vie pour se justifier. C’est dans ce contexte que nous trouvons les versets suivants :  “Si j’ai mangé seul mon pain, Sans que l’orphelin en ait eu sa part, 18 Moi qui l’ai dès ma jeunesse élevé comme un père, Moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve…” (Job 31, 17-18) Ces versets nous présentent un aspect spécifique de l’adoption. Elle n’est pas “formelle”. Job n’a pas “adopté” tous les orphelins qui se présentent sur sa route. Mais il en a pris soin. Dans un contexte où il n’y a pas de protection sociale au sens où nous pouvons l’entendre aujourd’hui, celle-ci est assurée très concrètement par les autres membres de la société. Et Job témoigne qu’il a joué ce rôle de protection vis à vis de personnes qui se retrouvent – de iure ou de facto – sans droit. Dans ce contexte, une femme n’a pas de droit : elle dépend de son père puis de son mari puis de son fils. Et si son fils est jeune, les droits de l’enfant orphelin peuvent facilement être bafoués par “plus fort” que lui. L’adoption est alors une image de cette attention et au soin bienveillant et bienfaisant à donner au plus fragile de la société. Cela rejoint les critères du jugement des nations transmis par Matthieu: donner à boire à celui qui a soif, habiller celui qui est nu, visiter les malades et les prisonniers (Matthieu 25, 31+). Faire preuve de justice sociale, d’attention aux plus fragiles est un moyen d’exercer une forme de paternité, de maternité au sein de la société.

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source image : pixabay

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