La lumière de la Transfiguration

La liturgie nous offre des lumières sur notre route, si nous les saisissons. C’est particulièrement le cas de la fête de la Transfiguration que nous célébrons aujourd’hui. Quelle est donc cette fête ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !

La fête de la Transfiguration est peu connue et pourtant si éclairante pour nous soutenir sur nos chemins de vie, forcément marqués par des moments de doutes, des questionnements voire des épreuves. J’ai mémoire d’avoir “entendu” – en l’occurrence retenu, été attentive – pour la première fois à cet Evangile aux Andelys, non pas un 6 août mais au cœur de l’hiver, dans l’église collégiale glaciale, pendant un dimanche de Carême. Le contraste entre cette lecture lumineuse, radiante, réchauffante et la température extérieure était saisissante. Je ne vais pas faire ici un commentaire exhaustif, mais plus donner quelques clés qui permettent de nous l’approprier.

La Transfiguration est comme une pause “lumineuse” entre ministère et Passion. Jésus est en plein ministère, il a parcouru la Galilée avec ses disciples pour enseigner. Il a aussi délégué aux douze de partir deux par deux dans les villages pour enseigner, prier, guérir. Et il est temps de “monter à Jérusalem” pour Pâques, la Pâques juive, qui est la célébration de la sortie d’Egypte, de la libération de l’esclavage. Et Jésus vient d’annoncer sa mort et sa résurrection aux Douze, quelque chose d’incompréhensible, d’inaudible… Pierre qui vient de faire sa belle confession de foi : “tu es le Messie / le Christ, le Fils du Dieu vivant”, le refuse explicitement et se fait reprendre par Jésus : “Passe derrière moi, Satan !” L’épisode de la Transfiguration arrive à ce moment-là. Je t’invite à le lire…

La Transfiguration dans le Nouveau Testament
Matthieu 17, 1-8Marc 8, 2-10Luc 9, 28-362 Pierre 1, 16-19

Que se passe-t-il ? Jésus monte sur une montagne avec trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean. Jésus apparaît tout lumineux au sein “d’une nuée”, parlant avec Moïse et Elie, puis Pierre demande de dresser des tentes pour profiter de cette expérience. Alors une voix dit que Jésus est son fils bien-aimé et invite les disciples à l’écouter. Puis ils descendent de la montagne et Jésus leur demande de ne pas en parler avant sa résurrection. Épisode furtif, bref et intense de manifestation de Dieu. Ce passage est à lire en écho aux différentes “théophanies”, de la Bible et singulièrement à celles d’Elie (1Rois 19,8) et de Moïse (Exode 24) qui sont justement les interlocuteurs de Jésus sur la montagne. Luc nous précise même de quoi ils parlent de son “passage”, en grec de son “exodos”, de son exode à Jérusalem, bref de sa Passion, de sa Pâques !

Cette manifestation est autant pour les disciples que pour Jésus. Elle nous parle de comment Dieu intervient dans nos vies et peut-être plus spécifiquement du “quand”. Elie rencontre Dieu à l’Horeb dans la “voix d’un fin silence”, après avoir fui pour sauver sa vie de Jézabel après le massacre des prophètes de Baal. Il vient de demander à mourir… Moïse au Sinaï est poursuivi par le peuple qui préférerait revenir en arrière en esclavage plutôt que de vivre dans ce désert… Ces rencontres divines sont des temps de réconfort de soutien pour continuer la route, se fortifier en chemin. Et cette manifestation est possible aussi par ce temps vécu à l’écart, sur la montagne, lieu symbolique. Elle est permise par le fait de prendre du recul vis à vis du quotidien, même si c’est un temps bref. Alors, en ce lieu, Dieu peut nous parler. 

Je viens de vivre un temps de retraite dans un monastère, six jours pour recevoir un enseignement – sur Hildegarde de Bingen en l’occurrence – et recevoir la Parole de Dieu à travers la liturgie et l’eucharistie. Occasion de voir ce qui m’habite et d’être aussi interpellé, soutenu par la Parole qui réveille ! Le premier mot de la règle de Saint-Benoît est écoute. pour écouter, il est nécessaire de faire silence… et ainsi nous pourrons répondre à l’invitation du Père dans cet épisode : écoutez Jésus nous parlez ! Moïse et Elie représente symboliquement la loi (la Torah) et les prophètes, et donc le premier testament. C’est à travers l’ensemble des Ecritures que Dieu peut nous parler, en mettant aussi les textes en résonance les uns avec les autres. Et pour la Bible, le texte biblique, devienne Parole de Dieu, elle doit être lue dans l’Esprit Saint. Pour en savoir plus, je vous invite à lire et méditer la constitution Dei Verbum du Concile Vatican II (https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651118_dei-verbum_fr.html )

En résumé, ce passage nous révèle comment Dieu se montre à nous comme lumière irradiante au cœur de nos vies, au moment même où nous pouvons être dans le doute, l’épreuve. C’est une manière de faire de Dieu qui est là, au creux de ce que nous pouvons vivre, comme le conte sur les pas sur le sable.. Notre responsabilité est de savoir dégager des temps, même courts, pour être disponible pour l’écouter régulièrement dans notre vie. Selon l’adage patristique : “quand te pries, tu parles à Dieu, quand tu lis la Bible, c’est Dieu qui te parle.”Une autre fois, je pourrais vous transmettre une “méthode” de lectio divina – médiation prière de la Bible, transmise par mon professeur d’exégèse quand j’étais jeune moniale et qui m’a vraiment aidé à faire de cette lecture quotidienne une prière incarnée dans ma propre vie. 

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