Epiphanie

En ce mois de janvier, nous n’arrêtons pas de manger des “galettes des rois” – du moins en France. Tradition qui s’est greffée sur la fête de l’Epiphanie. Mais que fêtons-nous donc ? C’est de cela dont je te parle aujourd’hui ! 

Déjà que veut dire ce joli et étrange mot “Epiphanie” ? Qu’est-ce qu’il recouvre comme expérience ? 

Le mot vient du grec “épi” – préfixe qui signifie “sur, au-dessus” et du verbe “phanein” qui signifie “apparaître”. Cela a pu être traduit ainsi par manifestation divine. Cela recouvre un certain nombre d’épisodes bibliques  comme la traversée de la mer Rouge,  la remise des tables de la Loi à Moïse sur la Mont Sinaï, la chute des murs de Jericho dans la première Alliance… Dans la Nouvelle Alliance, le baptême du Christ, l’épisode de la Transfiguration ou les Noces de Cana en sont des épisodes plus marquants. Mais le terme d’Epiphanie dans la tradition chrétienne a été dévolu à un épisode précis qui est la visite et l’adoration des Mages – et non des Rois – à la crèche au moment de la naissance de Jésus. L’épisode des Mages est attesté par Matthieu, Luc parle plutôt des bergers.  Voici l’le passageàù il en parle : 

Matthieu 2, 1-12 – Les Mages venus d’Orient –  1 Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem 2 et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » 3 A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître. 5 « A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète : 6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. » 7 Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait, 8 et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage. » 9 Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. 10 A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.  source : TOB, traduction oecuménique de la Bible

Cette visite des Mages, sages et astronomes venus de Perse est attestée par les fresques très anciennes à Bethléem. Ils ne sont pas rois.Et la tradition des “pères de l’Eglise” des premiers siècles attestent la symbolique forte de leur cadeau : “l’or pour le roi, l’encens pour le Dieu, la myrrhe pour l’homme”. La myrrhe est ce qui servait à l’embaumement en Egypte notamment. Juste après ce passage, Joseph, Marie fuient avec Jésus en Egypte pour échapper aux “massacres des saints Innocents” perpétué à la demande Hérode qui veut supprimer tous concurrents potentiels à son pouvoir… Cette épiphanie est ainsi marquée dès le départ par la mort.  Les orthodoxes donnent à ce moment précis presque plus d’importance que Noël. Car il ne “suffit” pas que Jésus naisse quelque part, encore faut-il qu’il soit reconnu comme le “Messie” (mot hébreu), le “Christ” (mot grec) qui signifie celui qui reçoit l’onction qui était donné au roi ! Le roi ne sont donc pas les Mages – malgré la chanson de Sheila ! – mais bien Jésus. Et c’est bien là la force et le paradoxe du message d’aller reconnaître ce nourrisson comme roi. Il y a de la faiblesse et de la doucoeur et de la pauvreté dans cette royauté !

Avec les films de Cecile B.DeMille, dans les 10 Commandements,  nous avons tout un univers visuel plutôt puissant pour représenter ces manifestations bibliques. Alors que le coeur n’est sans doute pas ici. Une des manifestations les plus intéressantes est autour de la figure du prophète Elie. Il vient de faire vivre une manifestation puissante. Après des années de sécheresse, il a fait tomber la pluie par sa prière. Il agit aussi avec grande violence massacrant les 450 prophètes de Baal… Après cela, il fuit car la reine Jézabel veut le tuer pour ce qu’il vient de faire. Elie demande à Dieu : “Prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères” (1 R 19,4). Après la visite d’un ange, il reprend la route et marche 40 jours et 40 nuits jusqu’à la montage de Dieu, l’Horeb et va dans une grotte. Et là,  

Premier livre des Rois, 19, 11-12 :  “Le SEIGNEUR dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre. 12 Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu, le bruissement d’un souffle ténu.” Source – TOB – Traduction Oecuménique de la Bible

J’aime beaucoup ce passage qui dit la délicatesse divine que nous attendons parfois dans le tonitruant alors qu’Il est dans le “bruissement d’un souffle ténu”, d’autres ont traduit la voix d’un fin silence… Discrétion, délicatesse… qui contraste dans cette vie d’Elie avec le personnage plutôt entier et sans concession qu’est le prophète. Ceci nous parle de l’adaptation de Dieu à notre humanité, qui n’impose pas mais est là sur notre chemin, si nous daignons l’écouter ! “Je l’avise et il m’avise” répondait une personne au curé d’Ars qui l’interrogeait sur sa prière. Prends le temps de dire à Dieu ce que nous vivons et d’écouter ses passages dans nos vies. Il passe par des médiations humaines, comme ces Mages, qui ont “vu se lever une étoile” et se sont mis en marche. Une de mes soeurs de communautés disait souvent : “c’est un signe”, cela pouvait être l’occasion de moqueries à son égard, car elle voyait des signes partout. mais à l’inverse, quand on ne “voit” rien, quand il n’y a aucune reconnaissance de ce ces passages de Dieu dans nos vies, par le biais d’aides reçus, de questions posées qui aident à aller plus loin… la vie peut-être très “platte” comme on dit en Québécois ! 

En cette nouvelle année, je te souhaite de voir ces visites / visitations dans ta vie de Dieu !

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